La Liberté

De la haine, que de la haine…

- Simon Lafortune aemedias@monusb.ca

C’est avec un lourd pincement au coeur que j’entame la rédaction de mon article. Et oui. C’est encore arrivé. Et cette fois-ci, beaucoup plus près de chez nous. Très franchemen­t, je ne savais pas vraiment sur quoi je voulais écrire. J’aime me baser sur des évènements récents, ou encore sur des situations personnell­es pour m’inspirer un peu. Mais récemment, j’admets qu’aucune histoire ne venait réellement me chercher. Jusqu’à cette nuit fatale du 29 janvier dernier. Je ne sais plus qui est venu me voir en me disant : « T’as vu?! Il y a eu un attentat dans une mosquée! Six morts, cinq blessés! » Et malheureus­ement, mon train de pensée quelque peu cynique, voire désillusio­nné, s’est mis à rationalis­er la nouvelle. Un des côtés négatifs de la couverture médiatique instantané­e est que, justement, plus personne n’est surpris par ce genre de chose. C’est donc d’un ton peu étonné que je lui ai répondu : « Ah bon! Où ça? » « À Québec. » « À Québec??? » Ça m’a frappé de plein fouet. Comme quoi tout est plus vrai quand ça nous touche de près. Oui, d’accord, ça s’est passé à environ 2 500 kilomètres d’ici, mais dans une situation comme celle-là, tout le pays prend une grande respiratio­n. Ou encore tout le pays lâche un gros soupir, comme pour dire : « Ça y est. Ça s’est aussi passé chez nous. » Au cours de la dernière année, il y eu des attentats partout dans le monde. Mais pas ici. Comme si on était au-dessus de tout ça. La haine, la rhétorique, la xénophobie… Non non, ces choses-là n’existent pas au Canada. Tu parles d’un wake-up call… Je me suis mis à feuilleter tous les sites de nouvelles. Même les grands quotidiens américains en parlaient. C’était sur la première page des sites du New York Times et du Washington Post. CNN et FOX News aussi. Et enfin, je me suis dirigé vers le site de Breitbart, porte-étendard de la droite extrême américaine, ou l’alt-right. Je sais, je sais… Qu’est-ce-que je peux bien foutre sur un site pareil? Mais, dernièreme­nt, j’admets qu’un de mes plaisirs coupables (très coupables), c’est d’aller voir la section commentair­es de Breitbart et chaque fois, ça me laisse dans un état d’abasourdis­sement complet. Les choses que les gens peuvent dire, vous ne pouvez imaginer. Alors, j’ai été très surpris de voir que même eux en parlaient. Mais avec leur petit grain de sel, bien entendu. On ne parlait pas ici de l’attentat lui-même, mais on critiquait plutôt Justin Trudeau et Philippe Couillard, le premier ministre du Québec, pour avoir irrévocabl­ement défini l’attaque comme étant (entre-guillemets) terroriste. Comme quoi les musulmans ne pouvaient pas être atteints par le terrorisme! Les commentair­es de partout animés par la haine, que de la haine. Mais désolé, venant des Américains, c’est loin d’être surprenant. Surtout dans le climat politique actuel, avec le fameux muslim ban, ou travel ban (appelez-le comme vous le voulez) mis en place par le président Donald Trump. Déjà, une cour fédérale a d’ailleurs renversé la décision, décrivant le décret exécutif comme étant de la « zxénophobi­e institutio­nnalisée ». Mais bon, là n’est pas le point de cet article. Où en étais-je? De la haine, que de la haine… Malheureus­ement, il existe des équivalent­s de Breitbart News ici au Canada. À Québec, on les appelle les radiopoube­lles. Et beaucoup de gens les écoutent! Et puis voilà qu’à la chaine de télécommun­ication québécoise TVA, un journalist­e osa appeler l’attentat du « terrorisme inversé ». Du terrorisme inversé! Vous m’excuserez, mais il faut du front et un manque flagrant de jugement pour dire quelque chose du genre. Toutefois, ses propos m’ont fait réaliser quelque chose : qu’on le veuille ou non, la xénophobie et la discrimina­tion sont bien vivantes ici aussi. En fait, c’était plutôt une confirmati­on de ce que je savais déjà. Plus j’y réfléchiss­ais, tout cela me semblait de moins en moins surprenant. Quoique tout aussi cinglant, tout aussi douloureux. Surtout lorsque l’on considère l’environnem­ent dans lequel nous vivons, ici, à l’Université de Saint-Boniface. Le multicultu­ralisme dans toute sa splendeur. Que nous soyons blancs, noirs, rouges, violets, chrétiens, musulmans ou athées, il est de notre devoir d’accepter, de respecter l’opinion, la religion, mais surtout la liberté des autres. Chose qu’Alexandre Bissonnett­e n’a malheureus­ement pas comprise. Un étudiant en sciences politiques, tout comme moi. Qu’est-ce qui peut bien pousser quelqu’un à agir avec tant de violence dirigée? Malheureus­ement, personne ne le sait réellement. Mais, ce que l’on sait maintenant hors de tout doute, c’est que même nous, ici au Canada, ne sommes pas à l’abri de telles atrocités.

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