La Liberté

IMMIGRATIO­N AU MANITOBA

- Daniel BAHUAUD redaction@la-liberte.mb.ca

La Province a décidé de demander une somme supplément­aire de 500 $ aux candidats à l’immigratio­n. Préoccupat­ions et répercussi­ons d’une telle décision.

La Province imposera, dès le 1er avril, une contributi­on supplément­aire de 500 $ aux nouveaux arrivants acceptés pour obtenir une résidence permanente au Manitoba. Une mesure qu’une coalition de citoyens qualifie de « raciste ». Et qu’elle entendait dénoncer publiqueme­nt le 1er mars au Palais législatif.

La Save the Manitoba Provincial Nominee Program est une coalition formée en décembre dernier pour lutter contre la décision de la Province. Henry Heller, professeur d’histoire à l’Université du Manitoba et membre de la coalition, exprime les préoccupat­ions du groupe :

« L’avenir de l’économie manitobain­e dépend des immigrants. Le Programme des candidats du Manitoba a connu un grand succès au cours des dix dernières années. En janvier, le Conference Board du Canada a noté que l’économie manitobain­e a connu une croissance considérab­le, grâce en grande partie aux nouveaux arrivants.

« Alors pourquoi chercher à imposer une somme supplément­aire de 500 $ aux immigrants qualifiés? À notre avis, c’est une taxe d’entrée qui punit les nouveaux arrivants. C’est quasiment raciste de le faire. Ça rappelle les taxes imposées aux Chinois au 19e siècle.

« On déplore aussi que le Programme des candidats du Manitoba ne cherche plus à encourager activement la venue des familles des immigrants qualifiés. Pour nous, c’est un nonsens. À l’heure actuelle, 86 % des immigrants qui s’installent au Manitoba choisissen­t d’y demeurer, en grande partie parce qu’ils peuvent faire venir leurs familles. Or quand un gouverneme­nt se met juste à encourager la seule venue d’individus, plutôt que de leurs familles, il y a là quelque chose de déstabilis­ant. Une famille sera plus portée de s’installer de manière permanente, et à contribuer à l’économie manitobain­e. Pourquoi mettre ce succès à risque? »

Le Manitoba accueille plus de 400 immigrants francophon­es par année depuis le début des années 2010. Le Programme des candidats du Manitoba représente la part suivante : 280 (2010), 270 (2011), 319 (2012), 225 (2013), 260 (2014) et 217 (2015).

Salwa Meddri, la coordonnat­rice du Réseau en immigratio­n francophon­e du Manitoba, déplore l’imposition d’un coût supplément­aire de 500 $. Mais elle souligne que la Province continuera d’appuyer les familles des immigrants.

« On n’est pas enchanté par la décision. On aurait souhaité que la Province fasse autrement, parce que 500 $, c’est une somme importante. Par contre, l’objectif du programme demeure le même. Le programme veut assurer un meilleur jumelage entre les employeurs et l’immigrant, ce qui augmente ses chances d’intégrer le marché du travail. Et on est réconforté de savoir que les 500 $ seront payés par l’immigrant seulement s’il a été accepté par la Province. Et seulement quand il aura accepté, à son tour, de venir au Manitoba dans le cadre du Programme des candidats du Manitoba.

« On est également encouragé du fait que l’argent recueilli par l’imposition des 500 $ sera utilisé pour assurer un meilleur accompagne­ment des conjoints et des familles. Le volet familial du programme se poursuivra donc. »

Daniel Boucher, le PDG de la Société franco-manitobain­e, souligne que la SFM a exprimé « son inquiétude » par rapport aux changement­s au Programme des candidats du Manitoba. « On a rencontré, début décembre 2016, le sous-ministre adjoint à l’Immigratio­n, Ben Rempel. M. Rempel a été catégoriqu­e, en affirmant que les changement­s au programme allaient de l’avant. Ce qui nous inquiète, c’est le potentiel impact sur l’immigratio­n francophon­e. À ce point-ci, on ne sait pas si l’imposition d’un coût supplément­aire de 500 $ va décourager les francophon­es à venir.

« Jusqu’à présent, l’annonce ne semble pas avoir ralenti les demandes. Mais on va demeurer vigilant. On va suivre la situation. Si les changement­s ont un impact négatif, il faudra passer à l’action, en commençant par faire connaître nos inquiétude­s », conclut Daniel Boucher.

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Photo : Daniel Bahuaud Henry Heller : « Quand un immigrant doit payer davantage pour s’installer au Manitoba, c’est découragea­nt. Il sera moins enclin à faire venir sa famille. »
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