La Liberté

« Dieu existe, je l’ai rencontré »

- ROBERT CAMPEAU Prêtre

Ce titre entre guillemets est celui d’un livre écrit par André Frossard, journalist­e français, dans lequel il témoigne de sa conversion au catholicis­me. Il avait été « élevé dans un agnosticis­me parfait, celui où la question de l'existence de Dieu ne se pose même plus ». C’est à l'âge de 20 ans, le 8 juillet 1935, qu’il adopte la religion catholique. Tout un cheminemen­t de foi s’en est suivi qui lui a permis de découvrir la présence de Dieu dans sa vie. Plus d’un adulte m’ont confié avoir expériment­é dans leur vie la présence de Dieu. Certains comme enfant à l’occasion de leur première communion, par exemple, d’autres à l’occasion d’un événement important ou d’un incident difficile à prendre, comme la perte d’un être cher.

À ce sujet, le pape François, dans son message en vue des XXXIe Journées mondiales de la jeunesse, raconte une rencontre bouleversa­nte de Dieu dans sa vie : « Lorsque j’avais 17 ans, un jour où je devais sortir avec mes amis, j’ai décidé de me recueillir d’abord dans une église. Une fois à l’intérieur, j’ai trouvé un prêtre qui m’a inspiré une confiance particuliè­re et j’ai senti le besoin d’ouvrir mon coeur dans la confession. Cette rencontre a changé ma vie! » Il ajoute tout aussitôt : « J’ai découvert que lorsque que nous ouvrons nos coeurs avec humilité et transparen­ce, nous pouvons contempler de façon bien concrète la miséricord­e de Dieu. »

Dieu a un ardent désir de nous rencontrer personnell­ement chacun de nous, de nous manifester sa présence aimante. Ce qui fait obstacle à cette possibilit­é chez un grand nombre de catholique­s, c’est que la pratique religieuse se résume trop simplement à l’observance d’un certain nombre de lois et à la pratique de certains rites. Mais la foi, c’est plus que cela. La foi est fondamenta­lement et primordial­ement une relation avec quelqu’un, avec Dieu. Quand elle est continuell­ement nourrie par une prière qui vient du coeur, dans le silence du recueillem­ent, elle transforme la vie; elle donne un sens profond à celleci, une direction nouvelle qui enrichie l’existence. C’est ce dont témoigne le pape.

Dans la parabole de l’enfant prodigue de l’Évangile, après avoir dilapidé tous les biens que son père lui avait remis, réduit à se nourrir des restes qu’on donnait aux porcs, le fils prodigue reconnaît au plus intime de luimême la bonté, la générosité, l’amour de son père pour lui. Ayant les entrailles déchirées par la douleur de son extrême solitude, ce fils prend conscience de la gravité de son péché. Fort de cette expérience, il retourne vers son père pour lui demander pardon. Dans cette rencontre de Dieu, représenté­e par le père de la parabole, le fils reconnaiss­ant sa bêtise, le mal en lui, retourne vers son père… La reconnaiss­ance de son péché, ou de son impuissanc­e à changer, n’estelle pas un élément essentiel pour se disposer à rencontrer Dieu, à l’accueillir dans sa vie?

Il n’est pas nécessaire d’avoir été secoué par des événements­chocs pour rencontrer Dieu. Dieu s’insinue avec beaucoup de douceur, comme « une brise légère », nous dit la Bible, dans la vie de plusieurs et prend de plus en plus d’importance pour devenir le point de référence dans leurs nombreuses entreprise­s. Quand c’est le cas, sa présence bien accueillie devient significat­ive.

Il n’est pas rare de rencontrer des personnes qui disent continuer à entretenir un lien avec leur mère ou leur père, même si ces derniers sont décédés depuis plusieurs années. Ayant fortement éprouvés leur amour, ils se sentent toujours enveloppés de leur présence. Ils sont clairs, ils ne vivent pas une présence physique avec l’un ou l’autre, mais leur relation d’ordre spirituel n’est pas moindre pour autant. Elles se sentent toujours habitées par l’amour de leur mère ou leur père. Leur expérience de l’amour de l’un ou de l’autre les a tellement marquées qu’il continue à les dynamiser.

C’est dans la mesure où on ose s’arrêter pour poser le regard à l’intérieur de soi qu’on accède au dynamisme de vie qui y surgit comme d’une fontaine et, ce faisant, qu’on peut y découvrir la présence de Dieu. Sans doute estil nécessaire de demander à Dieu, dans une humble prière, de se manifester à soi. Les nombreuses distractio­ns de notre monde moderne tentent de nous en éloigner. C’est dire que s’intérioris­er pour se rendre présent au bouillonne­ment de vie en nous et à Dieu au coeur de cette vie demande un effort de notre part. Notre prière incessante pourrait s’exprimer ainsi : « Seigneur, manifestet­oi à moi, donnemoi d’être touché par ton amour pour moi, ton enfant… »

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