La Liberté

Nos Manitobain­es engagées

Le projet de recherche intitulé réunira dans un Nos Manitobain­es engagées livre les profils d’une centaine de Manitobain­es qui ont contribué de façon marquante à l’épanouisse­ment et à la vitalité de leur communauté. Initié par Michelle Smith et dirigé par

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Lucienne Beaudry Loiselle raconte ici une aventure qui l’a beaucoup touchée.

En 1997, Lucien était président de Folklore Canada qui faisait partie des Conseils Internatio­naux d’Organisate­urs de Festivals folkloriqu­es et qui cherchait quelqu’un pour aller à Taiwan pour enseigner des danses folkloriqu­es aux enfants à Ilan.

À cause de la chaleur, beaucoup ont refusé parce qu’au mois de juillet à Taiwan il fait 39° C avec une humidité de 99 %. Alors je me suis dit pourquoi pas et je suis allée avec Alice Bérubé. On nous avait assigné 5 interprète­s et un chauffeur d’autobus.

Ils nous posaient toutes sortes de questions jusqu’à nous demander ce qu’on pensait des droits des filles de ne pas accepter de prendre soin de leurs beaux-parents, par exemple. Parce qu’à Taiwan quand tu te maries, tu prends soin de tes beaux-parents!

L’aventure était spéciale parce que moi je parlais en anglais à la foule et l’interprète leur parlait en mandarin et tout à coup tout le monde faisait ce que je disais. Puis on est apparu à la télévision taiwanaise et tout le monde nous reconnaiss­ait comme étant des Adowa, c’est le nom qu’ils donnent aux Blancs, qui veut dire gros nez (rires).

Et les enfants se cachaient quand ils nous voyaient parce qu’il y en a qui n’avaient jamais vu de femme blanche, même les plus vieux. Et là, pour attirer les enfants, je chantais Frère Jacques parce que tout le monde connaît l’air.

C’est sur cet air-là qu’on a chanté le chant de la révolution chinoise. Alors c’était une expérience inoubliabl­e.

Il y a eu un interprète particulie­r du nom de Hugo à qui j’avais laissé une enveloppe avec mon nom et mon adresse. Il m’appelait sa « maman canadienne » et 5 ans plus tard, je reçois une lettre et il m’avait écrit qu'il il s’en venait en Iowa aux États-Unis pour ses études en linguistiq­ue.

On l’a invité chez nous, ici à Winnipeg, et il m’a révélé qu’un de ces rêves les plus chers, c’était de passer un Noël canadien dans la neige. Là... j’ai compris qu’on est tous reliés dans la vie des autres d’une façon ou d’une autre. Alors moi qui n’aime pas les foules, -- et là-bas c’est bondé de monde--, là, j’ai compris pourquoi j’étais allée à Taiwan.

Maintenant, il a un doctorat et il enseigne à l’université de Boston en pathologie du langage. Il est venu chez nous quelques fois et s’il a des problèmes, il m’appelle pour me demander des conseils. Tu sais, il est encore dans ma vie, c’est incroyable. Il ne peut plus retourner à Taiwan pour visiter ses parents pour des raisons personnell­es. Alors il est devenu mon fils adoptif taiwanais.

 ??  ?? Cette chronique est l’extrait d’une entrevue qui met en lumière le riche parcours de vie de LUCIENNE BEAUDRY LOISELLE
Cette chronique est l’extrait d’une entrevue qui met en lumière le riche parcours de vie de LUCIENNE BEAUDRY LOISELLE

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