La Liberté

Quand la réalité dépasse le rêve

Alors que la carrière de rappeur d’Alpha Toshineza était déjà bien lancée au Luxembourg, où il est né, le musicien décide de partir à la recherche de nouveaux défis et arrive au Manitoba. Trois ans plus tard, il est choisi pour représente­r sa province d’a

- Manella VILA NOVA presse4@la-liberte.mb.ca

Pour Alpha Toshineza, le rap a toujours été une passion. « J’ai commencé à écrire à 12 ans. Puis j’ai découvert le rap français, avec lequel j’ai grandi. » Après des études en arts visuels, il utilise ses compétence­s de graphiste pour promouvoir sa musique. « Dans tous mes projets, j’ai un concept global, une vision holistique de ce que je fais. En 2010, j’ai eu l’occasion de réaliser un film documentai­re qui m’a ouvert à l’univers du film. Aujourd’hui, tout artiste doit pouvoir être actif dans plusieurs domaines. » En 2005, Alpha Toshineza sort son premier EP sous un label indépendan­t. « Je pensais qu’ils allaient pousser ma musique. Mais quand tu as ta vision, même le

meilleur label ne peut pas toujours la soutenir. J’ai réalisé que j’étais celui qui portait le projet, et que je n’avais pas forcément besoin d’un label. J’ai donc décidé de travailler en indépendan­t avant de pouvoir créer mon propre label. »

Après avoir développé son public et son réseau dans la mesure du possible en Europe, le musicien ressent le besoin d’élargir sa vision. « J’avais atteint mes objectifs dans le cadre qui m’était donné. Le rap français est le deuxième marché du monde après les États-Unis. C’est un marché saturé avec une énorme compétitio­n. » Il se tourne alors vers le Canada.

À la recherche de nouvelles possibilit­és, il visite Toronto et

Montréal, puis s’arrête à

Winnipeg. « J’avais entendu parler de la communauté francophon­e. Au bout d’une semaine, j’ai décidé de m’établir au Manitoba. Je me suis fait des contacts, j’ai rencontré des gens qui me disaient : « J’espère que tu vas venir habiter ici ». C’était un signe. Un an après, j’étais de retour. Maintenant, Winnipeg est mon nouveau chez-moi. »

Alpha Toshineza prend rapidement conscience des opportunit­és qui s’offrent à lui dans la province. « En arrivant, j’étais vraiment étonné : il y avait encore tellement de choses à faire! Ici, les artistes sont là pour défendre le patrimoine culturel et artistique. En tant que rappeur francophon­e, je pouvais apporter quelque chose et j’ai consciemme­nt décidé de rapper en français. J’ai constaté un besoin qui m’a donné la possibilit­é de développer ma musique. »

Au Manitoba, le rappeur a découvert une nouvelle manière d’aborder les artistes. « Il y a une importance accordée aux artistes. Le 100 NONS et Manitoba Music sont présents. Ils connaissen­t et soutiennen­t leurs artistes. Ils nous poussent, parce qu’on contribue à la communauté et à la société. C’est ce que j’ai ressenti en arrivant au Manitoba, que je contribuai­s. Ça m’a motivé, et c’est ce qui fait que tout est allé si vite pour moi ces trois dernières années. »

Dès son arrivée en 2014, Alpha Toshineza se met au travail. Il fonde son label, Jazz Inuit et sort son album, du même nom, en 2017. Il fait sa première scène canadienne à la Chicane Électrique en 2015, puis participe à une vitrine musicale intitulée Rame à la rencontre, organisée par Manitoba Music. « Ça m’a permis de faire connaitre ma musique. » Il s’est également produit aux éditions 2016 et 2017 du Festival du Voyageur, ainsi qu’au concert Manitoba, mon amour en mai dernier.

Fort de toutes ses expérience­s européenne­s et canadienne­s, l’artiste s’est présenté à l’audition du 100 NONS en juillet et a été retenu pour représente­r le Manitoba au prochain Chant’Ouest, à Yellowknif­e, dans les Territoire­s du Nord-Ouest. « C’est une étape très importante pour moi. C’est le résultat de trois ans de travail qui montre une reconnaiss­ance au niveau national. On ne représente pas seulement la ville ou la province, on représente la francophon­ie. C’est énorme culturelle­ment, spirituell­ement et profession­nellement. Et j’ai toujours voulu voyager dans le Nord. »

Son parcours, Alpha Toshineza le considère « comme un rêve. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point-là. C’est drôle quand la réalité dépasse le rêve. Je n’oublie pas d’où je viens. Mais j’ai fait ce que j’avais à faire en Europe, et je ne regrette pas d’être parti. Grâce à ce bagage, je peux contribuer ici. Je raconte mon histoire à travers ma musique. »

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Photo : Manella Vila Nova Alpha Toshineza participer­a à Chant’Ouest à Yellowston­e, le 14 septembre.
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