La Liberté

Depuis plus de 15 ans, l’avocat Jason Madden est le conseiller juridique des communauté­s métisses de tout le Canada, et en particulie­r de la MMF. Le 8 mars 2013, c’est lui qui a accueilli la décision de la Cour suprême reconnaiss­ant que la Couronne n’avai

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«32 ans.Il aura fallu 32 ans, et des millions de dollars, pour faire reconnaîtr­e cette injustice. Pour vous dire, lorsque la MMF a embarqué dans ce combat, je n’étais même pas né. » Mais que personne ne s’y trompe. Sous cette apparente jeunesse, Me Jason Madden est en réalité l’un des plus grands défenseurs des causes métisses à travers tout le pays. Métis lui‐même, originaire du Nord‐Ouest de l’Ontario, le nom de Jason Madden est désormais indissocia­ble des grandes affaires traitant des droits des Premières Nations et des Métis devant toutes les juridictio­ns canadienne­s, et donc, devant la Cour suprême. En 2003, il faisait partie de ceux qui y défendaien­t l’affaire Powley, un arrêt qui a depuis fait jurisprude­nce et permet aux Métis de revendique­r leurs droits séculaires de chasse et de pêche sur le territoire canadien. Et dix ans plus tard, c’est encore lui qui plaidait la cause portée par la MMF, à savoir que la Couronne n’avait pas honoré la promesse de 1,4 million d’acres pour les enfants des Métis de la Rivière‐Rouge, en échange de l’entrée de la province dans la Confédérat­ion. « Une promesse que le Canada s’est empressé d’oublier. Après tout, nous étions tout ce que les

Anglais protestant­s haïssaient : nous étions catholique­s, français et autochtone­s, résume l’avocat. Or depuis depuis 1981, lorsqu’elle a pour la première fois porté l’affaire devant la justice, la MMF n’a eu qu’un seul objectif. Évidemment, il ne s’agissait pas de refaire l’histoire, pas plus que de réclamer ces terres entre‐temps vendues à d’autres, mais bien de refermer ce fossé qui s’est creusé depuis 1870, de redevenir des partenaire­s de la Confédérat­ion, et d’établir de nouveaux rapports, de nation à nation. Et lorsque la Cour suprême a reconnu que cette promesse avait été brisée, nous avons tous ressenti un sentiment d’égalité. La façon dont nous avons traité nos peuples autochtone­s, c’est notre péché originel et nous atteignons en in ce stade où nous allons arrêter de balayer la poussière sous le tapis, en ouvrant la voie aux négociatio­ns. Évidemment, cela a pris du temps, puisque le gouverneme­nt fédéral précédent n’était aucunement intéressé à négocier. Mais dès l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouverneme­nt en 2015, nous avons lancé le processus. En mai 2016, nous avons signé le protocole d’entente, qui ouvre la voie aux négociatio­ns, et en novembre 2016 nous avons en in signé l’accord‐cadre. C’était un jour historique, puisque ce faisant, la MMF, reconnue par la Cour suprême comme le représenta­nt légal de tous les descendant­s des enfants de la Rivière‐Rouge, brisait en in le plafond de verre. » Depuis, Jason Madden a, à nouveau, défendu la cause des Métis devant la Cour suprême dans l’affaire Daniels, qui a reconnu aux Métis le statut de peuple autochtone. « C’est le tiercé gagnant, conclut Jason Madden. Ces trois affaires s’appuient les unes sur les autres, et ouvrent la voie à un avenir plus égalitaire pour les Métis. »

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