La Liberté

DE L’AMOUR POUR FAIRE LA DIFFÉRENCE

MITCH BOURBONNIÈ­RE À L’HONNEUR

- GAVIN BOUTROY presse8@la-liberte.mb.ca

Le travailleu­r social vient d’être reconnu par la gouverneur­e générale pour son engagement auprès des jeunes Autochtone­s. Le secret de son métier? L’amour. L’homme ne s’en cache pas : « Mon amour pour les jeunes est réel. Et ils le sentent. »

Replacez dans son contexte le prix que vous avez reçu…

Mitch Bourbonniè­re : Le gouverneme­nt voulait honorer 150 personnes pour reconnaîtr­e l’existence d’un leadership autochtone exceptionn­el afin de marquer les 150 ans de la Confédérat­ion. 15 personnes au Manitoba, Autochtone­s et nonAutocht­ones, ont été récompensé­es par la gouverneur­e générale, qui représente la Reine. Ici, c’est la lieutenant­e-gouverneur­e Janice Filmon qui a remis les médailles : huit pour bénévolat, et sept pour service méritoire. Celle que j’ai reçue entre dans la catégorie du service méritoire pour leadership autochtone exceptionn­el. La liste des organismes avec lesquels vous êtes impliqué est longue…

M. B. : Je suis le facilitate­ur de Action Therapy et de Ogijiita Pimatiswin Kinamatwin (OPK). Ensuite je m’implique avec le Mama Bear Patrol, Got Bannock? et Drag the Red. En fait, ces cinq activités, pour moi, c’est comme un grand job. Avec Action Therapy, on propose des mentors aux jeunes

les plus à risque dans CFS [les Services à l’enfant et à la famille], et on leur offre un service enveloppan­t, c’est-à-dire que les mentors deviennent comme des oncles et des tantes pour les jeunes. Ces jeunes-là ont de 12 à 21 ans. Pour l’instant, on s’occupe d’environ 300 jeunes. C’est beaucoup.

Avec OPK, c’est la même chose, mais les participan­ts sont plus âgés. Ils ont entre 16 et 40 ans. Dans ce programme, ils sont à peu près 60, et ce sont plutôt des jeunes qui sortent de prison ou de gangs. Quels sont les plus grands défis pour les jeunes autochtone­s à Winnipeg aujourd’hui?

M. B. : L’éducation, non seulement sur l’histoire, mais sur des problèmes familiaux et de leurs communauté­s. Et puis le racisme, oui c’est vrai, ça arrive. Ensuite, la dépression, le désespoir… Il y a des jeunes qui ne pensent pas qu’ils méritent de faire partie de la société, alors forcément, ils se tournent vers l’autre bord. Mon travail, c’est d’essayer de leur donner de l’espoir. Je leur montre que je crois en eux, pour qu’ils puissent croire en euxmêmes. Je crée des occasions pour eux, je les prépare pour l’emploi. Comment arrivent-ils à vous faire confiance? M. B. : Moi, comme les autres travailleu­rs de ces organismes, on devient des oncles et tantes. Mon amour pour les jeunes est réel. Et ils le sentent. Entre l’âge de cinq et 12 ans, je causais beaucoup de soucis à mes parents. On m’avait diagnostiq­ué un trouble d’hyperactiv­ité avec déficit de l’attention (THADA). J’avais le soutien d’un travailleu­r social, et d’un psychiatre pour mes troubles de comporteme­nt. J’ai vraiment reçu beaucoup d’aide. À un moment donné, j’ai découvert que j’avais une envie de redonner aux gens. Je crois que c’était parce que j’étais très proche de ma mère. Et aussi

parce que j’ai eu un enfant à 20 ans. Ça m’a vraiment rendu plus mature.

Mon frère et moi, on a été les premiers de la famille à aller à l’université. À cause de mes troubles d’apprentiss­age, ça m’a pris trois ans pour compléter ma première année d’université. Il y a aussi le fait que j’ai été père monoparent­al pendant huit ans. Jusqu’à ce que je rencontre ma femme. Avec elle, j’ai eu deux autres enfants. Ma fille, elle travaille à l’école secondaire Children of the Earth [La première école secondaire de la province à mettre l’accent sur la culture autochtone, ndlr]. Larry Morrissett­e et moi-même

avons participé à mettre sur pied Children of the Earth. Larry Morrissett­e n’est plus avec nous. Il a joué un rôle important dans votre vie… M. B. : Ça fait 15 mois qu’il nous a quittés. Il a créé OPK, c’était un mentor pour moi. On continue son travail. Je m’implique beaucoup auprès de ses enfants.

À la cérémonie pour ma médaille, c’était un grand honneur parce que ce soir-là, Larry recevait le prix à titre posthume. Son fils Robert, qui a 19 ans, était à côté de moi pour recevoir la médaille pour son père. Moi j’ai accepté ma médaille, lui la sienne. C’était un moment très émouvant.

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photo : Gavin Boutroy
 ?? Photo : Gavin Boutroy ?? Le travailleu­r social Mitch Bourbonniè­re, qui donne des conférence­s à l’Université de Saint-Boniface, propose des conseils aux personnes non-autochtone­s qui voudraient s’impliquer auprès des communauté­s autochtone­s de Winnipeg : « Portez-vous bénévole dans la communauté autochtone. Ne cherchez pas à mener. Venez tout simplement nous soutenir. Marchez avec Mama Bear Clan Patrol, venez à Got Bannock?… Cette manière de se comporter, je crois que de plus en plus de monde la comprend. »
Photo : Gavin Boutroy Le travailleu­r social Mitch Bourbonniè­re, qui donne des conférence­s à l’Université de Saint-Boniface, propose des conseils aux personnes non-autochtone­s qui voudraient s’impliquer auprès des communauté­s autochtone­s de Winnipeg : « Portez-vous bénévole dans la communauté autochtone. Ne cherchez pas à mener. Venez tout simplement nous soutenir. Marchez avec Mama Bear Clan Patrol, venez à Got Bannock?… Cette manière de se comporter, je crois que de plus en plus de monde la comprend. »
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