La mainmise étrangère inquiète
L’accaparement des terres agricoles par des investisseurs étrangers préoccupe de plus en plus Keystone Agricultural Producers, organisme qui représente les fermiers du Manitoba. La chercheuse Annette Desmarais explique pourquoi.
Keystone Agricultural Producers (KAP) a adopté une résolution le 25 janvier lors de leur assemblée annuelle : faire pression sur la Province pour que le gouvernement impose une taxe de 5 % sur toute vente de terre agricole. Les fonds amassés contribueraient au Programme de rabais sur l’achat de terres agricoles par des jeunes agriculteurs de la Société des services agricoles du Manitoba. Dan Mazier, le président de KAP, explique l’objectif de la résolution : « Notre organisme est préoccupé par le phénomène de l’accaparement des terres. KAP veut s’assurer qu’une nouvelle génération d’agriculteurs puisse travailler nos terres agricoles au Manitoba. Il est essentiel que nos jeunes fermiers puissent acheter des terres à des prix abordables. » Statistique Canada indique que le prix moyen de l’acre au Manitoba est passé de 1 137 $ en 2012 à 1 895 $ en 2016. Annette Desmarais est géographe titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les droits de la personne, la justice sociale et la souveraineté alimentaire à l’Université du Manitoba. En 2016, la chercheuse a effectué une étude sur l’achat des terres agricoles en Saskatchewan, et s’apprête à entreprendre une analyse pour le Manitoba.
« Je n’imagine pas que la situation au Manitoba soit bien différente de celle en Sasktachewan. L’accaparement des terres est un phénomène international. De plus en plus, des investisseurs étrangers et des entreprises d’investissement achètent les terres agricoles. Il y a même des banques et des gouvernements qui achètent des terres. Les prix augmentent et les jeunes fermiers éprouvent de la difficulté à avoir accès à de nouvelles terres.
« En Saskatchewan, les investisseurs sont généralement des entrepreneurs d’autres provinces, notamment des Albertains. Bien que certains individus qui achètent des terres soient des Canadiens qui investissent au nom d’Américains. Même le Fédéral achète des terres. Le Régime des pensions du Canada est un investisseur important. » Le nombre d’hectares achetés en Saskatchewan par des investisseurs non-saskatchewanais est passé de 21 026 en 2002 à 338 729 en 2014, ce qui représente 1,44 % des terres arables. étrangers représentent 21 % des terres arables. » pas en Saskatchewan jusqu’ au moment, en 2002, où le gouvernement néo-démocrate a adopté la Farm Security Act.
Cette loi a remplacé celle de 1974 qui empêchait les nonSa skatchewanais d’acheter des terres agricoles. De plus, les prix des terres dans les 16 municipalités les plus touchées par l’investissement étranger ont augmenté de 16 % par année. De 2007 à 2014, les prix ont augmenté de 128 %.
« À première vue, ça ne semble pas un pourcentage significatif. Mais il s’agit de terres d’excellente qualité concentrées dans des municipalités clés. Ces municipalités facilitent les achats. Dans une municipalité en particulier, les achats
Pour Annette Desmarais, « les lois et règlements entourant la vente des terres agricoles sont la clé qui permettra de lutter contre l’accaparement des terres. En effet, le phénomène n’existait
« Pourtant, il serait possible d’adopter à nouveau des lois qui protégeraient les terres. L’Île-duPrince-Édouard, par exemple, empêche l’achat des terres par des étrangers. »
« Souvent, les investisseurs étrangers souhaitent maximiser les rendements des terres au point où ils adoptent des pratiques qui épuisent les sols et qui contribuent à la dégradation » de l’environnement.