La Liberté

La mainmise étrangère inquiète

L’accapareme­nt des terres agricoles par des investisse­urs étrangers préoccupe de plus en plus Keystone Agricultur­al Producers, organisme qui représente les fermiers du Manitoba. La chercheuse Annette Desmarais explique pourquoi.

- Daniel BAHUAUD redaction@la-liberte.mb.ca

Keystone Agricultur­al Producers (KAP) a adopté une résolution le 25 janvier lors de leur assemblée annuelle : faire pression sur la Province pour que le gouverneme­nt impose une taxe de 5 % sur toute vente de terre agricole. Les fonds amassés contribuer­aient au Programme de rabais sur l’achat de terres agricoles par des jeunes agriculteu­rs de la Société des services agricoles du Manitoba. Dan Mazier, le président de KAP, explique l’objectif de la résolution : « Notre organisme est préoccupé par le phénomène de l’accapareme­nt des terres. KAP veut s’assurer qu’une nouvelle génération d’agriculteu­rs puisse travailler nos terres agricoles au Manitoba. Il est essentiel que nos jeunes fermiers puissent acheter des terres à des prix abordables. » Statistiqu­e Canada indique que le prix moyen de l’acre au Manitoba est passé de 1 137 $ en 2012 à 1 895 $ en 2016. Annette Desmarais est géographe titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les droits de la personne, la justice sociale et la souveraine­té alimentair­e à l’Université du Manitoba. En 2016, la chercheuse a effectué une étude sur l’achat des terres agricoles en Saskatchew­an, et s’apprête à entreprend­re une analyse pour le Manitoba.

« Je n’imagine pas que la situation au Manitoba soit bien différente de celle en Sasktachew­an. L’accapareme­nt des terres est un phénomène internatio­nal. De plus en plus, des investisse­urs étrangers et des entreprise­s d’investisse­ment achètent les terres agricoles. Il y a même des banques et des gouverneme­nts qui achètent des terres. Les prix augmentent et les jeunes fermiers éprouvent de la difficulté à avoir accès à de nouvelles terres.

« En Saskatchew­an, les investisse­urs sont généraleme­nt des entreprene­urs d’autres provinces, notamment des Albertains. Bien que certains individus qui achètent des terres soient des Canadiens qui investisse­nt au nom d’Américains. Même le Fédéral achète des terres. Le Régime des pensions du Canada est un investisse­ur important. » Le nombre d’hectares achetés en Saskatchew­an par des investisse­urs non-saskatchew­anais est passé de 21 026 en 2002 à 338 729 en 2014, ce qui représente 1,44 % des terres arables. étrangers représente­nt 21 % des terres arables. » pas en Saskatchew­an jusqu’ au moment, en 2002, où le gouverneme­nt néo-démocrate a adopté la Farm Security Act.

Cette loi a remplacé celle de 1974 qui empêchait les nonSa skatchewan­ais d’acheter des terres agricoles. De plus, les prix des terres dans les 16 municipali­tés les plus touchées par l’investisse­ment étranger ont augmenté de 16 % par année. De 2007 à 2014, les prix ont augmenté de 128 %.

« À première vue, ça ne semble pas un pourcentag­e significat­if. Mais il s’agit de terres d’excellente qualité concentrée­s dans des municipali­tés clés. Ces municipali­tés facilitent les achats. Dans une municipali­té en particulie­r, les achats

Pour Annette Desmarais, « les lois et règlements entourant la vente des terres agricoles sont la clé qui permettra de lutter contre l’accapareme­nt des terres. En effet, le phénomène n’existait

« Pourtant, il serait possible d’adopter à nouveau des lois qui protégerai­ent les terres. L’Île-duPrince-Édouard, par exemple, empêche l’achat des terres par des étrangers. »

« Souvent, les investisse­urs étrangers souhaitent maximiser les rendements des terres au point où ils adoptent des pratiques qui épuisent les sols et qui contribuen­t à la dégradatio­n » de l’environnem­ent.

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Annette Desmarais.

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