La Chine, ou la dominance par l’impérialisme économique
En 1992, l’auteur Francis Fukuyama publie un livre qui fait fureur. Il y voit l’effondrement de l’Union soviétique comme un évènement qui signale « la fin de l’Histoire » idéologique de l’humanité, signe définitif que le libéralisme économique dans un cadre démocratique a remporté une victoire irréversible sur toutes les autres idéologies, notamment le marxisme. Malheureusement, son modèle ne tenait pas compte d’une montée possible en puissance de la Chine. Il ne prévoyait pas non plus un virage vers la droite autoritaire dans plusieurs pays démocratiques, surtout pas aux États-Unis, ni la montée de néonationalismes. Or, à l’heure actuelle, la démocratie se porte plutôt mal sur la planète. Et son champion le plus puissant est en débandade, autant sur le plan domestique qu’international. Ses priorités internationales sont grotesquement désordonnées : un retour à un protectionnisme irrationnel, un rejet de l’immigration et une augmentation obscène dans ses dépenses militaires, incluant son arsenal nucléaire. Sa dette nationale est hors de contrôle, signe incontestable d’un état mal géré.
Entretemps, la Chine communiste poursuit un agenda international rigoureusement discipliné, axé sur l’expansion de son pouvoir économique partout dans le monde par le biais d’investissements dans des infrastructures et des entreprises stratégiques. De plus, elle se présente ostensiblement comme promoteur du libre-échange et même comme leader contre le changement climatique, tout en transmettant le message que son modèle économique et politique est bien meilleur que celui de son adversaire américain.
Ces tendances conjuguées laissent entrevoir un avenir bien plus sombre pour l’humanité que celui qu’envisageait Fukuyama.