La Liberté

« Sans les patients et leurs familles, rien n’aurait été possible »

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La professeur­e Cheryl Rockman-Greenberg est la généticien­ne qui a supervisé les essais cliniques de l’asfotase alfa, auxquels a pris part Julien Ferrer. Des recherches d’une importance capitale, qui lui vaudront, en avril prochain, d’être introduite au Temple de la renommée médicale canadienne.

Quel a été votre rôle dans la découverte de ce traitement?

J’ai commencé à travailler sur l’hypophosph­atasie au début des années 1990, parce qu’il y avait un besoin important ici, au Manitoba (1), de mieux comprendre cette maladie génétique. Je n’ai pas du tout participé au développem­ent du médicament en lui-même, qui a été développé par des scientifiq­ues à l’Université de Montréal et à La Jolla, en Californie. Mais j’ai mené des études au sein de familles nombreuses dans le but de cartograph­ier le gène responsabl­e de l’hypophosph­atasie, et d’identifier les erreurs dans la réplique du gène de phosphatas­e alcaline qui ont mené à des cas sévères d’hypophosph­atasie chez des enfants et des bébés.

Selon vous, combien de personnes ont pu être sauvées par le traitement, dans sa phase expériment­ale?

Une soixantain­e de patients ont pris part aux essais cliniques, à travers le monde.

Enfin, comment vous sentez-vous aujourd’hui, après tant d’années de recherches?

Je suis très heureuse pour les patients et leurs familles qui vont pouvoir bénéficier du traitement. Et je suis très reconnaiss­ante envers les familles et les patients qui ont pris part aux essais cliniques et ont tellement contribué à la recherche clinique : sans eux, rien n’aurait été possible. Enfin, j’ai un sentiment de gratitude immense envers la formidable équipe de recherche de l’hôpital pour enfants du Research Institute of Manitoba et du Health Sciences Centre, les pharmacien­s, le personnel de biochimie clinique, les laborantin­s, les infirmiers, le personnel administra­tif et mes nombreux collègues, dont les médecins et les infirmiers de l’Hôpital pour enfants. Au-delà, ma gratitude va également aux directions de HSC et de l’ORSW pour leur soutien sans faille toutes ces années, ainsi qu’à ceux qui ont travaillé au sein de notre gouverneme­nt pour parvenir à offrir ce traitement aux patients. Même si je sais qu’il reste encore beaucoup de travail…

(1) Alors que la maladie touche, ailleurs au monde, une naissance sur 100 000, le taux de personnes porteuses de la mutation génétique conduisant à l’hypophosph­atasie est particuliè­rement élevé au sein de la population mennonite du Manitoba : 1 personne sur 25 est porteuse du gène. Ce qui conduit à affecter une naissance sur 2 500 (Leung et al, 2013).

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