La mort assistée : polémique philosophique
Nous sommes aujourd’hui sept milliards et demi d’êtres humains vivant sur cette belle planète. Sept milliards et demi, c’est énorme! Si on pense que nous n’étions au début que de petits spermatozoïdes engagés dans une course qui leur était prédestinée et devant traverser, en un temps record, une distance équivalente à 42 km pour féconder un ovule et ainsi former un embryon et ensuite un foetus, c’est presque magique! Mais ce n’est pas tout. Tous, nous avons passé ou allons passer par les quatre étapes de la vie, à savoir l’enfance, l’adolescence, l'âge adulte et l’âge d’or. C’est ainsi que la vie se déroule. Ce magnifique cadeau que sept milliards et demi d’individus partagent n’est pas à prendre à la légère.
Malheureusement, au cours de notre existence, nous sommes assujettis à plusieurs facteurs externes perturbant le bon déroulement des choses; on pense, entre autres, à la maladie. L’état de la personne s’aggrave, toucher le fond devient une certitude et l’inaptitude vient augmenter son inquiétude. Dans ce cas, plusieurs personnes atteintes d’une maladie terminale et souhaitant soulager leur douleur ou remédier à leur souffrance ont recours à une nouvelle pratique pour mettre fin à leurs jours : la mort assistée. Elle est aussi appelée « suicide assisté » étant donné que la personne en question doit consentir à la procédure qui lui permettra de mourir de façon moins douloureuse et plus paisible que si elle choisissait de mourir de façon naturelle.
Adnane : Contre la mort assistée
Tout d’abord, la mort assistée n’est pas, selon moi, dans l’intérêt supérieur de la personne. En effet, il se peut que le diagnostic soit erroné, que le patient ne souffre pas réellement d’une maladie terminale, ou qu’il n’ait pas reçu les bons soins et que sa souffrance puisse être allégée autrement. D’autant plus, l’erreur est humaine et nul ne peut prétendre avoir la science infuse. Il se pourrait qu’un médecin ne connaisse pas toutes les options de traitement qui pourraient être offertes à son patient, et que son collègue du département voisin puisse venir avec le remède.
De plus, le droit de mourir que le patient veut mettre en pratique impose au médecin le devoir de tuer. Ce dernier perd alors la sainteté que lui procure son poste, pour porter maintenant le masque de la mort; il devient à la fois une sorte de bourreau et de guérisseur. Même les personnes ayant un contact direct et quotidien avec le sang et les cadavres humains peuvent trouver que l’acte d’assister un patient dans sa mort n’est ni chose facile ni agréable. En Belgique, les médecins sont suivis en psychothérapie après chaque trépas. Il n’est pas rare de voir les blouses blanches belges prendre un jour de congé quand elles savent qu’une telle pratique a été mise en oeuvre.
Une quantité innombrable d’associations et des milliers de coeurs charitables montrent un dévouement inestimable pour les personnes dans le besoin. Nous devrions mettre l’accent sur l’aide qui existe déjà pour les gens en détresse et les inviter à cogner aux bonnes portes pour qu’ils soient accueillis à bras ouverts. Trop de gens ont l’impression que demander de l’aide est une faiblesse. Je crois que le suicide ne devrait jamais être la solution, surtout lorsque la famille et les gens qui nous sont chers sont présents pour y assister.
J’ai espoir que, dans le futur, l’encadrement aux malades sera tel que les gens atteints de maladies graves n'envisageront plus le fait de s’enlever la vie et que, plutôt, ils trouveront l’aide dont ils ont tant besoin, au moment où ils en ont besoin.
Sébastien : En faveur de la mort assistée
La décriminalisation du suicide assisté vise à permettre à un adulte atteint d'une maladie fatale, informé des autres possibilités de soutien, de traitements et de soins palliatifs, de recevoir de l'aide pour mourir au moment qui lui parait opportun. Cette demande doit être répétitive et le malade ne doit pas souffrir de dépression. Dans ces conditions, la décision revient au premier intéressé : le malade.
L'autonomie du patient est un principe fondamental de l'éthique médicale. Nul ne peut imposer des examens ou des traitements sans le consentement du malade. Tout patient jugé compétent pour consentir aux soins peut refuser tout examen et tout traitement, même s'il met sa survie en danger. Quel principe moral permet alors d'imposer la vie aux patients qui n'en peuvent plus? Les partisans du suicide assisté par un médecin croient qu'il s'agit fondamentalement d'un choix individuel, qui ne devrait pas être limité par des lois. Ils croient que les individus ont le droit de prendre des décisions de vie ou de mort pour euxmêmes sans l’ingérence du gouvernement.
Les partisans de la mort assistée réagissent à la peur d'être dans une terrible souffrance et d'être agonisants, d'être attachés à du matériel de survie et de devenir une source de fardeau financier ou émotionnel pour leurs familles. Ils craignent de devenir dépendants des autres ou d'avoir une très mauvaise qualité de vie. Malheureusement, notre système de soins de santé actuel et ses pratiques laissent parfois les gens souffrir déraisonnablement et inutilement en fin de vie.
Trop souvent, les gens souffrent de douleurs évitables et d'autres symptômes dans leurs derniers jours. Une telle souffrance peut se produire même avec de bons soins. Les gens préconisent un suicide médicalement assisté plus fiable pour se prémunir contre ces possibilités. Parfois, avoir un moyen de suicide limite l'anxiété et permet au patient de mieux profiter de la vie.
Une personne croyante peut remettre entre les mains de Dieu sa vie et sa mort. Toute personne croyante ou non croyante peut considérer que toute vie est préférable à la mort. Cela est tout à fait respectable. Par contre, nul n'a le droit d'imposer cette vision aux autres. C’est pourquoi je suis en faveur que les patients atteints d’une maladie terminale et en souffrance aient accès à une manière de mourir dans la dignité.