Aider la classe moyenne, c’est bien. S’occuper des démunis, c’est mieux.
Au moment d’écrire ces lignes, les détails du budget fédéral du 27 février ne sont pas encore connus. Chose certaine, le gouvernement va continuer à courtiser ce qu’il appelle la « classe moyenne ». En 2016, le budget avait pour titre Assurer la croissance de la classe moyenne. Puis en 2017, il est revenu sur le même thème avec Bâtir une classe moyenne forte.
Qui fait partie de la classe moyenne? Les économistes ne s’entendent pas sur une définition, en partie parce que cette expression comprend un ensemble de facteurs en plus du revenu, comme la sécurité financière, la sécurité d’emploi, la capacité de se retirer avec un revenu convenable, etc. Ainsi, faire partie de la « classe moyenne » est en grande partie une question de perception personnelle. Un sondage de 7 882 Canadiens effectué par la firme Ekos en novembre et décembre 2017 révèle que le pourcentage de personnes qui se considèrent de la classe moyenne a baissé de presque 70 % en 2002 à 47 % aujourd’hui. Les personnes qui se voient de la classe ouvrière sont passées d’environ 23 % à 33 %.
Peu importe le poids politique de la « classe moyenne », le gouvernement canadien devra veiller à ne pas négliger la partie grandissante de la population qui se voit comme défavorisée, de plus en plus pauvre et marginalisée par les inégalités de revenu grandissantes. Si l’espoir de faire partie de la « classe moyenne » s’estompe d’année en année, l’harmonie sociale et le sentiment d’appartenir à une société équitable pourraient également s’estomper. La vision d’un Canada comme terre pleine de possibilités serait gravement ternie.