Le paradoxe de Greg Selinger
Il reste quelques jours encore avant la démission officielle de Greg Selinger. Après une si longue carrière politique, M. Selinger demeure une figure paradoxale. Comment celui qui avait si bien maîtrisé les dossiers financiers pendant une décennie a-t-il si royalement pu bâcler le dossier de la hausse de la taxe de vente provinciale, entre autres en négligeant d’impliquer son caucus dans le processus décisionnel? entrevoir Comment l’apocalypse un homme qui aussi s’annonçait perspicace en 2014 ne pouvait-il s’il demeurait pas en poste? Les Premiers ministres Gordon Campbell en Colombie-britannique, Ed Stelmach en Alberta, et Dalton Mcguinty en Ontario avaient tous affronté des situations semblables. Tous les trois avaient cédé la place pour permettre le renouvellement et la réélection de leur parti.
Ceux qui ont voulu encourager Greg Selinger à suivre leur exemple se sont butés à une fin de non-recevoir. On a trop souvent tendance à idéaliser ou à démoniser nos leaders. Pour ses détracteurs au sein du NPD, M. Selinger, par son style de gouvernance autocratique et son acharnement à s’agripper au pouvoir, est l’auteur de la catastrophe électorale de 2016 et des divisions qui persistent dans le parti jusqu’à ce jour. Pour ses admirateurs, en particulier de nombreux Francomanitobains, il demeure un individu d’une probité et d’un dévouement exceptionnels, ayant consacré sa vie au service public, toujours prêt à venir en aide à tous ceux qui le sollicitaient. Son apport à la francophonie manitobaine est inestimable. Deux perceptions d’apparence contradictoires donc, qui reflètent la complexité de l’homme, à la fois héros et son contraire. Les choix de Greg Selinger durant ses longues années de service continueront d’influencer l’évolution de sa province longtemps après son départ de la vie politique. Il mérite notre profonde reconnaissance.