La Liberté

Par respect pour la mosaïque manitobain­e

- Daniel BAHUAUD dbahuaud@la-liberte.mb.ca

De nouvelles circonscri­ptions nommées Carillon et Lagimodièr­e, ou encore même Gare Union. La Commission manitobain­e de la division électorale a voulu respecter l’intégrité territoria­le des régions désignées bilingues. Elle a aussi tenu à respecter les Manitobain­s et leur histoire.

Tous les dix ans, la Commission manitobain­e de la division électorale examine les limites des circonscri­ptions électorale­s, pour se conformer à la Loi sur les circonscri­ptions électorale­s. Son rapport intérimair­e du 18 mai propose des modificati­ons à chacun des 57 comtés, et un nouveau nom pour 16 d’entre eux.

Richard Chartier, le juge en chef du Manitoba, préside la Commission. Il met en valeur l’esprit avec lequel les commissair­es ont entrepris leur travail. « Je suis un fanatique de l’Histoire. Lorsque j’ai été juge à la Cour provincial­e, j’ai voyagé et siégé dans chacune des communauté­s au Manitoba. Sur les réserves, dans les zones désignées bilingues, et dans les régions qui ont été défrichées et développée­s par les Mennonites, les Islandais et les Ukrainiens.

« Je crois fermement qu’une carte électorale doit refléter notre mosaïque culturelle et notre patrimoine. Les autres Commissair­es, eux aussi, sont sensibles à l’Histoire. (1) Ils connaissen­t bien notre province. En redécoupan­t les frontières des circonscri­ptions pour que chacune ait environ 22 400 habitants, on a voulu respecter l’intégrité des municipali­tés, des réserves, des zones bilingues.

« La Loi sur les circonscri­ptions

électorale­s l’exige. Le Rapport Chartier de 1998, que j’ai rédigé, recommanda­it qu’on tienne compte des comtés bilingues en réorganisa­nt les districts électoraux. Pas question de

gerrymande­ring! Par ailleurs, le redécoupag­e des territoire­s en fonction de la langue est un fait de notre histoire. Dans le Rapport Chartier, j’ai rappelé le fait que le gouverneme­nt provisoire de 1869 avait été créé avec des délégués des 12 paroisses francophon­es et 12 paroisses anglophone­s de la Colonie de la Rivière-Rouge.

« Donc en plus de notre mandat légal, on a tenu compte de l’Histoire. C’est le pas supplément­aire qu’on a choisi de faire. La carte électorale reflète certaineme­nt ma passion pour l’Histoire, mais tout autant la sensibilit­é de toute la Commission. » Résultat : la circonscri­ption de Logan, à Winnipeg, qui n’inclura désormais plus l’avenue Logan, sera renommée Union Station, ou Gare Union en français, en hommage à la gare historique qui dessert la capitale depuis 1909.

Côté francophon­ie, la circonscri­ption regroupant les municipali­tés bilingues de De Salaberry, Ritchot et Taché et le village de Saint-Pierre-Jolys portera le nom historique de

Carillon – circonscri­ption dans cette région de 1886 à 1969. À Winnipeg, les quartiers de Sage Creek et d’Island Lakes seront inclus dans une nouvelle circonscri­ption : Lagimodièr­e.

« Le choix du nom Lagimodièr­e allait de soi. La circonscri­ption fait partie de Riel, la zone bilingue qui englobe SaintBonif­ace, Saint-Vital et SaintNorbe­rt. Quoi de mieux que de rendre hommage au célèbre JeanBaptis­te Lagimodièr­e? De plus, le boulevard Lagimodièr­e traverse la circonscri­ption. »

Plus au sud, l’ancienne circonscri­ption de SaintNorbe­rt fera désormais partie d’une circonscri­ption de Rivière-Seine élargie en direction ouest. « On a retenu le nom, parce que les écoles de Saint-Norbert ont fait ou font toujours partie de la Division scolaire Rivière-Seine. Le nom évoque la proximité de la rivière, mais aussi le lien qui perdure entre la ville et la campagne, tissé par la Seine. » La Commission soumettra son rapport à la lieutenant­egouverneu­re Janice Filmon avant le 31 décembre. La lieutenant­e-gouverneur­e transmettr­a ensuite le rapport à la présidente de l’Assemblée législativ­e, Myrna Driedger, qui présentera le document à l’Assemblée dans les plus brefs délais. « L’Assemblée n’a pas le droit de modifier la carte électorale, et aucun vote n’aura lieu. Le rapport a force de loi dès qu’il est présenté aux élus. La carte électorale entrera en vigueur dès que l’Assemblée sera dissoute. »

(1) Les membres de la Commission de la division électorale sont : Richard Chartier, Juge en chef du Manitoba; David Barnard, recteur et vice-chancelier de l’Université du Manitoba; Steven Robinson, recteur et vice-chancelier par intérim de l’Université de Brandon; Harvey Briggs, doyen de la Faculté des arts, des études commercial­es et des sciences du Collège universita­ire du Nord; Shipra Verma, directrice générale des élections du Manitoba.

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Le juge en chef du Manitoba, Richard Chartier, siège d’office à la Commission manitobain­e de la division électorale, puisque la présidence de cette Commission lui revient de droit.

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