Centre du Patrimoine : un carrefour d’histoire et d’histoire depuis 20 ans
Rappelons pourquoi c’était tellement important de construire un centre pour abriter nos archives. Pensons aux pertes réelles et potentielles… Ces pertes sont parfois dramatiques. En décembre 1860, un incendie détruit la Cathédrale SaintBoniface érigée par Mgr Provencher. Les premiers registres civils de la population métisse et francophone de l’Ouest canadien sont perdus à tout jamais. Grâce au travail de la Société historique de SaintBoniface (SHSB) et de son Centre du patrimoine, et à celui de ses chercheurs passionnés comme les défunts abbé Pierre Picton et Alfred Fortier, les renseignements perdus ont été reconstitués avec peine et patience, presque pour chaque personne. Aujourd’hui, ils alimentent les bases de données uniques du Centre du patrimoine. Une autre perte a été évitée de près dans les années 1980, lorsqu’en pleine crise linguistique, un incendie criminel a rasé les bureaux de la Société francomanitobaine sur le boulevard Provencher. Heureusement, le gros des archives de l’Association d’éducation des Canadiens-français du Manitoba avait été transféré à la SHSB. Sinon, tout un chapitre de notre histoire aurait pu être dévoré par les flammes ce soir-là. Souvent par contre, il n’y a pas de catastrophe. Les déménagements, les fermetures de bureau, les grands ménages faits avec trop de zèle, la poussière, l’usure du temps, de l’humidité et de la lumière effacent les traces de notre histoire, de notre cheminement comme société.
LA NAISSANCE D’UNE IDÉE
Toutes ces pertes — petites et grandes — et comment les éviter, préoccupaient les délégués d’un important colloque organisé en 1981 par la SHSB avec l’appui de partenaires, comme les Archives du Manitoba et plusieurs congrégations religieuses qui, durant ces années, se penchaient sérieusement sur la question de la préservation de leurs propres archives. Ainsi est née l’idée de la création d’un centre des archives et du patrimoine francophone du Manitoba. En 1998, une vingtaine d’années plus tard, on voit naitre du neuf pour sauvegarder du vieux. Rappelons-le, le Centre du patrimoine est le premier édifice au Manitoba construit spécifiquement pour conserver des archives.
OUVERTURE OFFICIELLE DU CENTRE DU PATRIMOINE
Le 25 septembre 1998, le comité de construct Centre du patrimoine et le conseil d’adminis de la SHSB avaient toutes les raisons de se féli de célébrer! Et de pousser un soupir de soulag après un travail de longue haleine… Ils n’étai les seuls à savourer cet évènement mémorab toute une génération de passionnés du patri francophone et métis au Manitoba s’était cons ce projet avec diligence et conviction. Enfin, la francophonie et les Métis du Ma avaient leur propre centre d’archives, muni d chambres fortes, et édifié selon les normes é pour un centre d’archives. Dorénavant, leurs a seraient préservées dans des conditions optim température, de lumière et d’humidité rela l’abri des incendies, des inondations, comme c 1950, et de l’usure du temps. Depuis que l’idée d’un centre d’archives ava forme en 1981, la SHSB avait fait murir et ava projet, obtenant, entre autres, l’appui financ gouvernements provincial et fédéral et des d’archives clés. Dans cette aventure, le C culturel franco-manitobain était devenu le par principal de la SHSB. Le comité de construction du Centre du patrim tenu sa première rencontre le 28 novembre trois ans avant l’ouverture officielle. Il était for Louis Bernardin, Alfred Fortier et Janelle Re de la SHSB; Al Steinhubl, Services gouvernem de la Province du Manitoba; Gilbert Comeault Rekrut, Archives du Manitoba; Lucien C journaliste-consultant; Gilles Lesage, Archiv Missionnaires Oblats de Marie Immaculée; Boucher et Alfred Sicotte, Centre culturel f manitobain; David McInnis, ministère de la C du Patrimoine et de la Citoyenneté du Manito
ÉTAGÈRES AMOVIBLES = PLUS D’ENTREPOSAGE!
Le Centre du patrimoine abrite maintenant 700 fonds d’archives, cinq fois plus qu’à son ouv et sa présence en ligne s’accentue. Pour augme capacité d’entreposage, nous rêvons d’instal étagères amovibles additionnelles dans une de chambres fortes. Les recettes du diner-béné 15 mai seront consacrées à ce projet. Deux suffisent pour en saisir l’importance…
De 1981 à 1998, la construction d’un centre d’archives était prioritaire pour le conseil d’administration de la SHSB présidé par : Gérard Lagacé (1980-1981), Robert André (1981-1985), Normand Boisvert (1985-1986), Guy Masson (1986-1987), Jacqueline Blay (1987-1991) et Henri Grimard (1991-1999). En 1998-1999, le conseil d’administration de la SHSB comprenait : Henri Grimard, Paul Baril, Hélène Martin, Louis Bernardin, Léona Gaudry, Carole Barnabé, Christian Benhamou, Alfred Monnin et Michel Verrette. À l’occasion de l’ouverture officielle du Centre du patrimoine, il a accueilli des invités de marque qui ont présenté leurs salutations ou ont prononcé un discours : son excellence Yvon Dumont, lieutenant-gouverneur du Manitoba; Mgr Roland Bélanger, chancelier de l’Archidiocèse de Saint-Boniface; Mme Rosemary Vodrey, ministre de la Culture, du Patrimoine et de la Citoyenneté du Manitoba; Mme Sheila Copps, ministre du Patrimoine canadien; les députés fédéral et provincial de Saint-Boniface, M. Ronald Duhamel, secrétaire d’État, et M. Neil Gaudry. La cérémonie de l’ouverture officielle comprenait également la signature d’ententes de transfert d’archives entre la SHSB et l’Archidiocèse de Saint-Boniface et entre la SHSB et CKSB Radio-Canada. La négociation de ces ententes avait été déterminante dans l’obtention de financement gouvernemental pour la construction du Centre. Le diner-bénéfice du 20e anniversaire du Centre du patrimoine a aussi été l’occasion d’inaugurer une exposition sur cette nouvelle cathédrale. La commissaire, Annie Langlois, précise : « Nous présentons la Cathédrale Saint-Boniface actuelle sous deux angles : la perspective de l’Archidiocèse de Saint-Boniface et celle de l’architecte Étienne Gaboury. » D’une part, l’importance du IIe concile oecuménique du Vatican explique la position de l’Église et de l’Archidiocèse. Mgr Baudoux, l’archevêque de l’époque, assiste aux sessions du concile qui marque un changement historique au sein de l’Église. Vatican II représente une ouverture sur le monde moderne en pleine mutation, un monde qui a vécu deux guerres mondiales à l’intérieur d’un demi-siècle. D’autre part, comprendre la vision d'Étienne Gaboury est nécessaire pour expliquer son choix esthétique. En 1958, au terme de sa formation en architecture à l’Université du Manitoba, il part en France où il visite entre autres la chapelle de Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp construite par Le Corbusier. Ce bâtiment tout en rondeur, construit d’ombre et de lumière est une révélation. Il résume toute la pensée de Gaboury : utilisation de la lumière comme matière à construire, forme organique en harmonie avec la nature environnante, fonction primant sur la forme, l’élément humain, sur la structure. Avant d'imaginer la nouvelle cathédrale, Gaboury avait déjà réalisé plusieurs bâtiments à vocation religieuse. Il amorce donc la conception en ayant pleinement conscience des tenants et aboutissants rattachés à un tel symbole. D’un commun accord, les murs épargnés par l’incendie sont restaurés. Gaboury fait renaitre une cathédrale au sein des ruines de l’ancienne.