La Liberté

« On doit accepter qui on est »

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C’est avec grande surprise que les élèves de 11e année de l’École Saint-Joachim ont appris qu’ils avaient gagné un concours internatio­nal sur le thème des accents. À la clé : une récompense, beaucoup de fierté et une nouvelle confiance dans leur utilisatio­n du français.

Quand elle a vu le concours Slame tes accents, proposé par le Centre de la francophon­ie des Amériques, Stéphany Halikas, enseignant­e de français à l’École Saint-Joachim, n’a pas hésité à y inscrire ses élèves de 11e année. « Quand je vois un concours, j’y participe. Si je ne peux pas, j’y inscris mes élèves. J’adore tout ce qui touche à la francophon­ie. Ici, l’idée était de créer un slam. Il fallait faire une vidéo d’une minute à une minute et demie, qui allait être jugée par le public et par des profession­nels. »

Quatre vidéos ont été créées par les 11e années. « Chaque groupe a écrit et filmé une vidéo. Puis la classe a voté pour choisir la vidéo que nous allions envoyer au concours. C’est le projet de Megan Carrière, Anika Gauthier, Taylor Lawless et Maxim Tétrault qui a été retenu. »

Le groupe, composé de deux élèves de familles francophon­es et deux élèves de familles exogames, a travaillé l’identité francophon­e. Anika Gauthier partage le cheminemen­t créatif : « Nous avons commencé par nous questionne­r sur ce qui rendait une personne francophon­e. Estce que les Québécois ou les autres francophon­es des Amériques sont plus francophon­es que nous? Nous avions un groupe divers, et chacun d’entre nous avait une expérience différente avec la francophon­ie. » Les deux francophon­es se sont tournés vers leurs camarades de familles exogames. Maxim Tétrault : « On leur a demandé si elles se sentaient francophon­es, et elles ont répondu pas vraiment. » Anika Gauthier ajoute : « Leur vie est une réalité différente de la nôtre, et c’était important pour nous de donner à notre texte la perspectiv­e de tout le monde. »

Pendant l’écriture, Anika Gauthier a réalisé que « les francophon­es du Québec ou de France ne sont pas forcément meilleurs que nous en français. Au Manitoba, on a ce complexe d’infériorit­é avec le français, parce qu’on entend toujours qu’en France, la langue est tellement plus riche. J’ai moimême toujours pensé que le français de France était meilleur. Maintenant je me rends compte qu’ils sont juste différents, mais égaux. »

Pour Maxim Tétrault, tout est une question d’acceptatio­n. « Quand on pense au français de La Broquerie, on pense au franglais. On se dit que le français est moins avancé. Dans notre slam, on a voulu montrer que personne n’est parfait, et que les accents peuvent être différents, mais qu’ils sont tous valides. On doit accepter qui on est, peu importe d’où on vient. » En compétitio­n contre 29 autres établissem­ents des Amériques, les élèves de La Broquerie ont remporté le prix des juges. Ils recevront prochainem­ent la visite de Yao, un musicien et slameur profession­nel d’Ontario pour un atelier de slam. Stéphany Halikas : « Grâce à cette victoire, les écoles francophon­es des Amériques savent qu’il y a au Canada des francophon­es ailleurs qu’au Québec. Elles entendent parler du Manitoba, et plus particuliè­rement de La Broquerie. C’est bien d’avoir une reconnaiss­ance provincial­e et internatio­nale. Ça nous rend très fiers. »

 ??  ?? De gauche à droite : Darel Bouchard, Gilbert Fréchette, Maxim Tétrault, Danica Dandeneau, Taylor Lawless, Megan Carrière, Anika Gauthier, Angèle Grenier, Stéphanie Martel, Émilie Bisson, Catherine Simard, Julianne Fournier-Broesky,
De gauche à droite : Darel Bouchard, Gilbert Fréchette, Maxim Tétrault, Danica Dandeneau, Taylor Lawless, Megan Carrière, Anika Gauthier, Angèle Grenier, Stéphanie Martel, Émilie Bisson, Catherine Simard, Julianne Fournier-Broesky,
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MANELLA VILA NOVA mvilanova@la-liberte.mb.ca

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