La Liberté

Un art né au contact de la nature

- Propos recueillis par Daniel BAHUAUD dbahuaud@la-liberte.mb.ca

Fondée en 1934 par le célèbre chanteur et acteur cow-boy Roy Rogers, la formation des Sons of the Pioneers a la rare distinctio­n d’afficher une longévité de 84 ans. Roy Rogers Junior, surnommé « Dusty », qui a intégré le groupe en 2017 à l’âge de 70 ans, suit désormais les traces musicales de son père. La Liberté s’est entretenue avec Dusty pour évoquer son père légendaire, la belle époque de la musique cow-boy, et le lien unique qui lie Winnipeg aux Sons of the Pioneers.

Les Sons of the Pioneers joueront au CCFM le 14 juin (1) dans le cadre d’une tournée canadienne. Prêt pour votre première tournée, Dusty?

Roy Rogers Jr. : On répète et on répète. Le spectacle présente 65 chansons, un petit échantillo­n des centaines de chansons du groupe. Le plus difficile, c’est que les Sons of the Pioneers ont bâti leur réputation sur des harmonies à trois et à quatre voix. Et plus difficile encore, c’est qu’on change de registre au beau milieu d’une chanson. Tommy Nallie, le directeur actuel du groupe, peut être le lead au début. Rendu au refrain, c’est moi qui deviens la voix principale, et lui qui harmonise.

Les harmonies des Sons of the Pioneers sont uniques…

R. R. Jr. : En effet! Avant les Sons, la musique cow-boy était chantée surtout en solo. Mon père, Tim Spencer et Bob Nolan se sont inspirés d’autres genres musicaux. Certains se souviendro­nt des harmonies des Pied Pipers, qui accompagna­ient les Big Bands. Ou encore des Mills Brothers, un quatuor jazz et pop de l’époque. Pour le cowboy, c’était une innovation. Mon père était un yodleur. Les Sons ont réussi à construire des harmonies autour de la manière de chanter des cow-boys.

Et puis il y avait les chansons de Bob Nolan…

R. R. Jr. : Parlez-moi en! Ce Winnipégoi­s avait un talent rare. Il était naturellem­ent prolifique. Il a composé près de 2 000 chansons. C’est pourquoi que je suis honoré de chanter dans sa ville natale, que je visiterai pour la première fois.

Mon père voulait des textes qui abordaient la vie parfois rude et solitaire du cow-boy. Il voulait aussi que les chansons évoquent le rapport unique entre le cow-boy et son milieu. Bob Nolan aimait vaquer seul dans la nature. Dans le désert de Mohave, dans les forêts, le long des vrais sentiers de cowboy. Ces chansons sont nées d’un contact réel et profond avec la nature. Et le public a eu droit à Tumbling Tumbleweed­s, Cool Water, Way Out There, There’s a Roundup in the Sky et j’en passe.

Pour vous, c’était qui les Sons of the Pioneers?

R. R. Jr. : Ils étaient comme des oncles, parce qu’ils passaient beaucoup de temps à répéter chez nous avec papa. Ils m’ont inspiré. J’ai chanté une fois avec eux à l’émission de télé de mon père quand j’étais garçon. Et puis plus tard, avec mon groupe The High Riders, je suis devenu chanteur country.

Votre père a sûrement été une inspiratio­n…

R. R. Jr. : C’est indiscutab­le. Mon père travaillai­t très fort. Quand il chantait et quand il tournait les westerns de série B qui ont consolidé sa popularité auprès des jeunes. Il était sensible à son public, et conscient que les enfants, surtout les garçons, le voyaient comme un modèle. Il était un chrétien de conviction. Dans sa vie publique et privée, il a fait preuve d’intégrité. Je suis honoré d’être son fils.

Ma mère adoptive, Dale Evans, m’a également inspiré. Elle a été la covedette de papa dans quantité de films. Et à la télé aussi. Les Baby Boomers se souviennen­t encore du générique de fin du Roy Rogers Show des années 1950, lorsqu’elle chantait Happy

Trails avec papa. C’est elle qui a composé cette chanson. Moi, je me souviens d’une femme forte. Après la mort de ma mère, mon père a marié Dale Evans. C’est elle qui m’a élevé. Elle a surmonté beaucoup d’épreuves avec énormément de confiance et d’optimisme.

La belle époque des cowboys chantants remonte déjà à plusieurs décennies. À quoi attribuez-vous la permanence du succès des Sons of the Pioneers?

R. R. Jr. : D’abord, aux aînés. Ceux qui étaient petits lors de la sortie des westerns de mes parents, et des albums du groupe. Il y a aussi les Baby Boomers qui ont connu cette musique à la télé. Et les plus jeunes découvrent les Sons of the Pioneers parce que leurs parents ou grands-parents leur en ont parlé. Sans oublier les jeunes mélomanes qui aiment découvrir et explorer la musique populaire du passé. Ce sont eux qui sont souvent très passionnés des Sons, parce qu’ils apprécient notre son unique.

(1) Le spectacle des Sons of the Pioneers aura lieu le 14 juin à 19 h 30 au Centre culturel franco-manitobain, 340, boulevard Provencher. Billets : brownpaper­tickets.com ou au 1-800838-3006.

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