Les bénéfices d’un amour pour les abeilles
À partir de 2021 le Canada devrait éliminer progressivement l’utilisation de pesticides à base de néonicotinoïde. La proposition de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire du Canada est très bien accueillie dans le monde de l’apiculture.
Conrad Durand vous avez fondé la Mountain Top Honey Farm en 2012 avec Normand Bosc et Donald Lesage. C’était pour faire quelques sous?
Conrad Durand : Seulement en partie. Avant tout, c’est une activité constructive et positive partagée entre amis. On se connaît depuis la maternelle. L’apiculture, c’est un hobby. Un prétexte pour se rencontrer et passer du temps ensemble.
C’est en 2012 que vous avez eu la piqûre?
C. D. : Bien longtemps avant ça! Quand j’étais adolescent, j’ai travaillé pour Bruce Smirl, un apiculteur de Lourdes. La production du miel m’a toujours fasciné. Et les abeilles sont des créatures extraordinaires, essentielles à la chaîne alimentaire parce qu’elles contribuent à la pollinisation des plantes, entre autres 90 % des productions de bleuets, de pommes, de framboises et de concombres. C’est dire que notre passion contribue à l’environnement et à l’agri-culture.
On ne prend pas ça à la légère. Quand Normand, Donald et moi on a décidé de lancer notre entreprise, on a suivi un cours d’apiculture à l’Université du Manitoba.
Ça coûte cher, votre passion?
C. D. : Plutôt, mais ce n’est pas comme acheter une combine! Il faut compter environ 200 $ pour acheter une ruche. En ce moment, on a une quinzaine de ruches. En 2012, on en avait installé 100. C’était ambitieux. On frôlait l’apiculture commerciale. Mais c’était trop. On a chacun nos jobs et nos responsabilités familiales. Et puis on est pas mal impliqués dans la communauté. Pour ma part, je suis membre du comité du District local urbain de Notre-Dame-de-Lourdes.
La saison du miel dure longtemps?
C. D. : Les abeilles produisent le miel de la fin juin jusqu’au mois d’août. Mais on sort nos ruches en avril. Elles hivernent, dans le noir, dans une pièce spéciale qu’on a construite dans une étable. Le printemps, il faut soigner les abeilles jusqu’à ce que les plantes commencent à produire du pollen. Ensuite, elles peuvent butiner à leur guise. On inspecte constamment les ruches. Parfois, une reine peut devenir malade, alors la ruche produit moins de miel. On remplace la reine, ou encore on combine les abeilles d’une ruche moins productive avec celles d’une ruche active.
Vos ruches produisent combien de miel?
C. D. : En moyenne, 175 livres de miel par ruche. Pour des hobbyistes, c’est bon. Les bons apiculteurs peuvent produire 200 livres. Et les vrais pros 300 livres. Quand les abeilles produisent leur miel, il faut vider les ruches. Elles ont entre cinq à huit tiroirs, qui peuvent facilement peser 150 livres. Une fois qu’on a extrait le miel, on le passe trois fois dans un filtre. On n’a pas de permis commercial. On vend notre miel aux marchés de fermiers, pas dans les magasins.
L’emplacement des ruches est important…
C. D. : Absolument. On a installé nos ruches sur une ancienne carrière de gravier. On savait d’entrée de jeu qu’aucun pesticide n’avait été épandu sur le site. Et puis on est à côté d’un beau champ de foin de qualité.
Comment éviter les pesticides qui peuvent tuer les abeilles?
C. D. : On discute avec l’agriculteur. Il est sensible au fait qu’il y a des ruches. Il n’épand pas quand le vent peut porter les pesticides vers les abeilles. D’ailleurs, de plus en plus, il évite les produits toxiques. Quand on peut dialoguer et sensibiliser, c’est très encourageant.
Les abeilles ont-elles des prédateurs naturels?
C. D. : À Lourdes, il faut guetter que les mouffettes n’attaquent pas les ruches. Elles mangent les abeilles. Ailleurs au Manitoba, ce sont les ours qui font des ravages. Ils ne mangent pas les abeilles, mais ils peuvent démolir une ruche pour atteindre le miel!