La Liberté

Flotter pour se reconnecte­r à son corps

Une nouvelle forme de thérapie, la thérapie de privation sensoriell­e par flottaison, prend son essor à Winnipeg. Elle contribue à soulager les maux physiques comme mentaux tels que l’anxiété, le stress post-traumatiqu­e ou encore la dépression.

- Camille HARPER charper@la-liberte.mb.ca

Quand Carlos Oliveira luttait contre la dépression et l’anxiété, il a voulu faire l’expérience de la thérapie de privation sensoriell­e par flottaison. Une thérapie qui, selon la recherche aux ÉtatsUnis, est bénéfique pour la santé mentale comme physique. Mais il n’a pas pu.

Sa femme Suzelle Labelle se souvient : « Dans toutes les entreprise­s de flottaison qui existaient à Winnipeg à ce moment-là, il fallait entrer dans un réservoir plutôt étroit pour flotter. Mon mari ne pouvait pas. Il est claustroph­obe. »

Plutôt que de se décourager, le couple en fait un projet d’entreprise familiale : ouvrir leur propre entreprise de thérapie de privation sensoriell­e par flottaison, où les espaces de flottaison seraient de la taille et de la forme d’une pièce normale afin d’être moins intimidant­s.

Quelque 18 mois et plus de 100 000 $ investis plus tard, Tranquil Float a ouvert ses portes en mai dernier au coeur de Saint-Boniface et accueille les clients en anglais comme en français.

Suzelle Labelle, qui a une formation d’aide-soignante et dix ans d’expérience en gestion, détaille : « On a construit trois salles individuel­les et une salle pour flotter à deux. On a tout fait nous-mêmes. Chaque chambre est conçue séparément, avec un petit espace entre le mur de l’une et celui de l’autre pour qu’elles soient toutes vraiment isolées. »

De même, plutôt que de devoir vivre l’expérience dans le noir complet, Tranquil Float a installé dans ses chambres de flottaison des lumières LED de couleur. Les clients peuvent non seulement régler leur intensité, voire les éteindre, mais ils peuvent aussi en changer la couleur pour une meilleure relaxation.

Et pour faire flotter leurs clients de toutes tailles, pas moins de 20 sacs de sels d’Epsom pour un seul bain d’environ 900 litres sont utilisés. « Avec ça, tout le monde flotte, sans exception, garantit la copropriét­aire. L’expérience est différente pour chaque personne, mais souvent, on me dit que ça donne l’impression d’être dans l’espace. On oublie son corps. On est seul avec ses pensées. »

| Pourquoi flotter?

L’idée de la flottaison comme forme de thérapie remonte aux années 1960, mais ça ne fait que quatre ou cinq ans qu’elle est accessible au grand public à Winnipeg.

Suzelle Labelle poursuit : « Tu flottes tout seul sans bouger, mais vraiment c’est plus que ça. Pour beaucoup de gens qui essaient, c’est la première fois que leur corps leur parle. Il y a une connexion qui se fait. Par exemple, quelqu’un m’a raconté avoir eu mal à l’épaule dans l’eau alors qu’il n’avait jamais mal. Sans le savoir, il avait besoin de faire des étirements. »

Les clients viennent de tous les horizons. Des jeunes viennent flotter pour réduire leur stress, déconnecte­r de leur quotidien. Des aînés viennent surtout pour l’aspect physique, pour soulager leurs maux et mieux dormir. Des athlètes viennent rétablir leurs muscles après un entraineme­nt intensif ou une compétitio­n, ou encore se relaxer et faire de la visualisat­ion avant une compétitio­n. Même des enfants viennent, car les problèmes d’anxiété ou physiques, ça ne touche pas que les adultes. « Les bienfaits sont multiples. D’ailleurs on reçoit beaucoup de personnes qui nous sont envoyées par leur physiothér­apeute, en complément de leur traitement. Seule contreindi­cation, le sel peut être très irritant sur une blessure. »

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Suzelle Labelle : « Nos chambres de flottaison sont des pièces normales pour mieux accommoder les personnes claustroph­obes. »

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