La Liberté

Toujours pharmacien, pour survivre

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Il a fallu à Sophon Chhin presque un an avant d’obtenir le local qu’il convoitait pour sa pâtisserie. « Je voulais abandonner. L’attente était trop longue. Il me fallait un endroit avec une cuisine déjà installée, car ça coûte tellement cher de faire construire une cuisine de zéro. Je m’étais donné jusqu’à Noël 2017. Après ça, si je n’avais pas le local, je laissais tomber et je retournais à la pharmacie. Et j’ai ouvert juste avant Noël. C’était comme un signe : je ne devais pas lâcher. »

Cette longue attente a mis Sophon Chhin face à une dure réalité : s’établir et se faire un nom dans la pâtisserie ne sera pas facile. C’est pourquoi il continue de faire des heures en pharmacie, assez pour garder sa licence. Chaque lundi, il travaille à Northway Pharmacy Dakota. Il est bien l’un des rares pharmacien­s à avoir son entreprise à côté.

« Ce n’est pas une question d’argent. Sinon, je retournera­i à la pharmacie tout de suite, où je me fais plus d’argent en une soirée que dans une journée de pâtisserie. Mais, à un moment donné, je dois survivre. Je m’en sors, j’arrive à payer les factures, mais tout juste. Dans les métiers de bouche, on ne sait jamais ce qui peut arriver. C’est pourquoi je me donne cinq ans. Si ça ne décolle pas d’ici là, je retournera­i à la pharmacie. »

Cette précarité est surtout dûe à une hausse du coût des ingrédient­s. « Ça me déprime un peu quand les gens se plaignent du prix, parce qu’ils ne se rendent pas compte de ce que ça coûte de faire une véritable bonne pâtisserie. Le prix des gousses de vanille a explosé. Il faut faire importer certains produits, comme le beurre. Je sais que certaines alternativ­es seraient moins chères. Mais je préfère que mes pâtisserie­s soient de haute qualité. »

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