La Liberté

Vaccinatio­n : c’est le bien collectif qui est en jeu

- aux lettres en écrivant à la rédactrice en chef Sophie Gaulin à sgaulin@la-liberte.mb.ca Les conditions de publicatio­n des lettres se trouvent en page 2. Julie Lajoie, PhD Université du Manitoba Départemen­t de microbiolo­gie médicale et des maladies infect

Madame la rédactrice,

Le 20 août, je suis tombée sur une nouvelle plutôt alarmante. L’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) rapportait qu’en Europe, pour les six premiers mois de cette année, 41 000 personnes avaient contractée­s la rougeole, soit 128 % de cas de plus qu’en 2016. La rougeole est une maladie infantile virale très contagieus­e, souvent bénigne, mais qui peut entrainer des problèmes neurologiq­ues permanents ou la mort. L’an dernier, le Manitoba a connu une éclosion d’oreillons. Soudaineme­nt, ces maladies infantiles qui se faisaient rares réapparais­sent et coûtent des millions en soin de santé (JAMA Pediatrics 2018).

Depuis les années 1980, le vaccin ROR (rougeole/oreillons/rubéole) est inclus dans le calendrier de vaccinatio­n canadien. Une première dose doit être administré­e vers l’âge de 12 mois et une seconde vers 18 mois. Si un vaccin existe, pourquoi observons-nous ces épidémies?

La réponse est simple : pas assez d’enfants sont vaccinés pour obtenir ce qu’on appelle une immunité de groupe, soit le pourcentag­e de la population qui doit être vacciner pour pouvoir protéger ceux qui ne sont pas vaccinée ou immunosupp­rimés. Pour le vaccin ROR, l’OMS recommande que 94 % de la population soit vaccinée. Au Manitoba, nous avons un taux de vaccinatio­n d’environ 73 %. Pourquoi ne pas faire vacciner?

Il est vrai que plusieurs informatio­ns circulent au sujet des vaccins. En tant que maman d’une petite fille de 13 mois, je comprends le besoin de vouloir protéger son enfant. Croyezmoi, entendre pleurer ma petite cocotte après ses premiers vaccins n’a pas été facile. Mais pour mon conjoint et moi, l’idée de ne pas la faire vacciner n’a jamais été considérée.

Malgré ce qui est souvent rapporté sur les sites antivaccin­ation, le vaccin ROR (ou tout autre vaccin) n’est pas associé avec l’autisme. En 1998, le Dr Andrew Wakefield affirmait avoir établi un lien entre le vaccin ROR et l’autisme. Or il fut prouvé qu’il avait falsifié des résultats de ses recherches (The Lancet). L’étude fut totalement retirée en 2010, mais elle reste citée par les anti-vaccins. Pourtant, après des dizaines d’études supplément­aires, certaines portant sur des dizaines de milliers d’enfants, aucune, et je dis bien aucune étude, n’a établi de lien entre la vaccinatio­n et l’autisme. Est-ce que la vaccinatio­n peut causer des effets secondaire­s? Absolument. Un peu de fièvre, une rougeur locale, une lourdeur musculaire. Et dans de rares cas, une réaction allergique grave ou certains effets rares. Mais en aucun cas causer le syndrome de l’autisme.

L’utilisatio­n du thimerosal (un composé chimique organomerc­uriel) est aussi décriée par les anti-vaccins. Or, au Canada aucun vaccin systémique administré aux enfants, à l’exception du vaccin contre la grippe, ne contient de thimerosal (Santé Canada).

Ceux qui évoquent le droit de ne pas faire vacciner leur enfant et le calendrier de vaccinatio­ns trop chargé doivent comprendre qu’en matière de santé publique, il n’est pas question de droit individuel, mais de bien collectif. En faisant vacciner votre enfant, vous le protégez et vous protégez ceux qui sont trop jeunes, ou qui ne peuvent pas se faire vacciner. La vaccinatio­n est sécuritair­e et protège de maladies qui peuvent avoir de graves conséquenc­es. Si, comme moi, vous détestez voir votre enfant malade, même avec un petit rhume, alors il n’y a aucun doute à avoir sur la vaccinatio­n. Quant au calendrier des vaccinatio­ns, si vous avez peur de trop stimuler le système immunitair­e de votre enfant, dites-vous que ses deux premières années à la garderie stimulent son système immunitair­e beaucoup plus que les vaccins qu’il reçoit.

En matière de vaccinatio­n, les anti-vaccins entretienn­ent la peur. La science est claire. La vaccinatio­n est sécuritair­e et, selon mon opinion de maman et de scientifiq­ue, elle est la meilleure décision à prendre pour protéger nos enfants. VOIR RÉFÉRENCES CI-CONTRE

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