La Liberté

Trudeau prononce trois mots qui tuent : commencer, un, examen

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Ne rien faire, mais donner l’impression de faire quelque chose. Voilà la technique que les gouverneme­nts de tout temps utilisent pour remettre à plus tard ce qu’ils ne veulent pas faire aujourd’hui. Ainsi, dans sa lettre de mandat du mois d’août à Mélanie Joly, la ministre du tout nouveau ministère du Tourisme, des Langues officielle­s et de La Francophon­ie, Justin Trudeau ne l’exhorte pas de voir à la « modernisat­ion » de la Loi sur les langues officielle­s. Avec une tiédeur indubitabl­e, il lui propose de « commencer un examen dans le but de moderniser la Loi sur les langues officielle­s ». Les ministres, les hauts fonctionna­ires et le public auront compris qu’une mise à jour de la Loi est reportée aux calendes grecques. Et qu’il faudra attendre après les prochaines élections fédérales pour connaître le sort d’une « modernisat­ion ». Car commencer un examen ne veut pas dire qu’il faut faire quelque chose ; il suffit de parler de faire quelque chose un jour. Pourtant, Justin Trudeau avait soulevé des espoirs au mois de juin lorsqu’il s’était engagé à « faire une modernisat­ion » de la Loi. D’après lui, « la protection des minorités linguistiq­ues est au coeur de qui nous sommes en tant que pays ». Le Premier ministre lançait alors le compte à rebours, puisque la prochaine élection fédérale est prévue pour le 21 octobre 2019. C’est dire qu’il lui reste très peu de temps pour compléter les consultati­ons, recevoir un rapport du Comité sénatorial permanent des langues officielle­s, et proposer et faire adopter un texte de loi. Par ailleurs, sans le vouloir, le Premier ministre pose une question fondamenta­le dans sa lettre de mandat. Est-ce que le but d’une modernisat­ion de la Loi serait vraiment d’assurer « la protection des minorités linguistiq­ues », une protection qui définirait qui nous sommes comme pays? Comme s’il s’agissait de protéger des espèces rares! L’histoire nous a démontré l’importance de respecter les lois qui assurent le statut et l’usage du français. Mais est-ce suffisant? Aujourd’hui, nous devrions plutôt avoir comme but premier de promouvoir la vitalité, le sens d’appartenan­ce et l’ouverture que nous accorde le privilège de reconnaîtr­e au moins deux langues dans ce pays. L’auteur de la première Loi sur les langues officielle­s en 1969, Trudeau père, avait, par conviction personnell­e, dépensé un capital politique énorme pour faire adopter une charte des droits et libertés en 1982, et pour assurer un appui aux minorités de langue officielle au Canada. Pour y arriver, il a refusé de laisser l’urgent le distraire de l’important. Jusqu’à nouvel ordre, la directive de « commencer un examen » ne reflète ni l’importance ni l’urgence de renouveler la Loi sur les langues officielle­s. Nous attendons toujours un signal fort qui démontre une volonté politique convaincan­te de la part de Trudeau fils.

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