Le délicat équilibre de la tolérance en démocratie
La brève alterca on à la miaoût à la faveur d’un rassemblement libéral entre Jus n Trudeau et une sympathisante d’un groupe de droite iden taire a vite fait couler beaucoup d’encre. En termes vifs, le Premier ministre lui avait répliqué que son « racisme n’avait pas sa place ici ». À quoi elle avait répondu par médias interposés que les citoyens de souche n’avaient plus le droit de parole. Audelà des par cularités individuelles qui marquent ce e prise de bec, quelques paradoxes à propos de l’intolérance ressortent avec force. La sympathisante, usant de sa liberté d’expression (qui est une forme de tolérance envers différents propos), a crié son intolérance en public. Tandis qu’au nom de la tolérance, le Premier ministre n’a pu tolérer l’intolérance de la sympathisante. Le Canada est tolérant. C’est d’ailleurs un lieu commun qui sert souvent à nous dis nguer de nos voisins du sud. Mais la tolérance ne peut s’élever en absolu et se transformer en son contraire. La démocra e permet, dans certaines limites, à une personne de prôner l’intolérance. En revanche ce e personne s’expose au ridicule en reniant les principes qui lui perme ent de défendre ce e posi on. La démocra e permet aussi, et plus encore, à une personne de prôner la tolérance. En revanche ce e personne doit adme re le paradoxe de devoir tolérer une certaine intolérance encadrée par certaines limites, puisque c’est là que la tolérance prend tout son sens. Tolérer est un principe fondamental de la démocra e. Un principe qu’il ne faut cependant surtout pas confondre avec l’inclusion. Car tolérer n’est pas adhérer à la chose tolérée. Puisque tolérer ce qui nous plaît ne relève plus d’une véritable, d’une authen que tolérance.