La Liberté

À la défense du coup de pinceau

Roger LaFrenière expose 14 de ses plus récentes toiles, sous un titre qui fait écho de sa principale inspiratio­n : Prairie Images. L’occasion de faire l’esquisse de sa longue carrière, toujours en évolution. (1)

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Sa marque de fabrique est bien connue. Roger LaFrenière a transposé mille et un paysages sur ses toiles. Un élément l’attire particuliè­rement : le calme.

« Dans tous les paysages, tous, il y a toujours un calme quelque part. Ça me fascine. Même dans les plus grosses tempêtes, les plus gros orages. Il y a une sorte de rythme produit avec le tonnerre, de mélodie relaxante. Ça nous berce. Paradoxale­ment, c’est dans ce genre d’atmosphère que je dors le mieux. » Pour cette nouvelle exposition, Roger LaFrenière revient avec sa thématique fétiche, à quelques variantes près. « J’aime parler des plaines de différente­s façons. Au lieu d’allier uniquement ciel et terre, là j’ai rajouté des arbres et des éléments que l’on voit de plus près. Quelques oeuvres représente­nt aussi des couchers de soleil, ce que je ne traduis passouvent. » Prairie Images se différenci­e également dans la technique. « J’ai un peu changé ma façon d’utiliser la peinture sur plusieurs toiles. La texture est plus épaisse, plus textuelle. Je me suis inspiré d’un atelier auquel j’ai récemment participé sur les artistes impression­nistes. J’ai toujours été fasciné par leur manière d’étendre la peinture sur les toiles. »

Bien que ses premiers souvenirs soient marqués par le rêve de devenir violoniste, Roger LaFrenière est vite tombé en amour avec la peinture à l’huile. « J’avais 12 ans. On était en voyage à Ottawa en famille. Dans un magasin de matériaux, on est passé devant le rayon peinture. J’ai tout de suite été très attiré par la couleur et la senteur de la peinture à l’huile. C’était incroyable. On en a acheté une boîte. Pour moi, c’est là que tout a commencé. » Depuis, l’artiste originaire de la Montagne a changé son matériau principal, la peinture à l’huile étant très toxique à cause du plomb présent dans toutes les couleurs. « Je suis passé à la peinture acrylique, même si mon coeur appartient toujours à la peinture à l’huile. Elle est transparen­te, elle se tient, elle garde sa texture à travers le coup de pinceau. La peinture à l’huile est passionnan­te. Je continue à l’utiliser l’été seulement, avec mon trépied extérieur et le vent dans le dos. » Une chose est certaine pour Roger LaFrenière : on n’a jamais fini d’apprendre. « Peindre, c’est une fabuleuse façon de passer sa vie. Plus je vieillis, plus j’utilise de grandes toiles. Cela me permet d’apprendre de nouvelles techniques, sans cesse. Il y a une quinzaine d’années, certains disaient que la peinture était morte. Et puis elle est revenue, tranquille­ment.

« Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est la place de la technologi­e. Les enfants à l’école n’écrivent plus, ils tapent sur des ordinateur­s. Plus personne n’écrit avec un stylo. J’espère que ça n’arrivera pas à la peinture. Certains mouvements de pensée parlent de faire de l’art avec l’électroniq­ue. Quand tu suis cette pente, tout finit par se ressembler. On perd l’individual­ité. J’aimerais pouvoir inspirer ceux qui pensent faire de l’art, en leur rappelant que c’est une façon très personnell­e de s’exprimer. Il n’y a personne d’autre qui peut le faire comme eux. Et surtout pas des machines. »

(1) L’exposition Prairie Images est à voir à la Fleet Gallery, 65, rue Albert, à Winnipeg, jusqu’au 29 septembre 2018. Vernissage le 13 septembre, de 17 h à 21 h.

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Photo : Marta Guerrero Roger LaFrenière, à l’aube de son exposition à la Fleet Gallery.
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MORGANE LEMÉE mlemee@la-liberte.mb.ca

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