DES PIERRES POUR CONSTRUIRE L’AVENIR
Depuis plus de 30 ans, la FMM se bat pour obtenir compensation de la Couronne pour les terres que le peuple Métis aurait dû recevoir mais qu’il n’a jamais eues. Finalement, depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Justin Trudeau, les négociations avancent bien et les Métis entrevoient un changement positif à l’horizon. « Nos revendications métisses tirent leur source de la Constitution canadienne, révèle le chef de cabinet de la FMM, Al Benoit. Selon l’Acte du Manitoba, qui fait partie de la Constitution canadienne, les Métis, en tant que Pères Fondateurs du Manitoba, devaient recevoir 1,4 millions d’acres de terres pour offrir à leurs enfants un meilleur départ, en échange de notre renoncement aux armes. Finalement, le processus a été si corrompu que presque aucune terre n’a fini dans les mains de Métis. » Un volet sombre de l’histoire sur lequel la FMM a commencé à se pencher dans les années 1970 pour mieux comprendre ce qui s’était réellement passé. Au début des années 1980, la FMM allait en cour pour rétablir la vérité sur l’histoire des Métis et obtenir réparation pour les torts causés. « Le président de la FMM, David Chartrand, avait promis aux Métis qu’il irait jusqu’au bout, jusqu’à la Cour Suprême, et c’est ce qu’il a fait en 2013, raconte Al Benoit. La Cour Suprême a alors rendu sa décision en déclarant que le Canada n’avait pas tenu sa promesse envers les Métis du Manitoba. »
Place aux négociations
Malgré la décision de la Cour Suprême, le gouvernement conservateur de Stephen Harper n’a pas voulu se me re à la table des négociations avec la FMM. En revanche, avant et pendant sa campagne électorale, Justin Trudeau s’est engagé à négocier avec la FMM s’il était élu. Il a tenu parole. « En neuf mois, un temps record, nous avons pu obtenir un Memorandum de compréhension afin de pouvoir négocier un accord-cadre », se réjouit le président de la FMM, David Chartrand. Cet accord-cadre, qui détermine les règles et sujets de négociation, a été signé en novembre 2016. « Maintenant nous sommes au milieu de négociations sérieuses avec le gouvernement fédéral et nous anticipons l’annonce de premiers résultats très positifs bientôt! », dévoile Al Benoit. Parmi ces résultats, il sera surtout question d’opportunités pour les Métis, comme des financements de programmes et de services pour améliorer leur qualité de vie.
Daniels vs. Canada
En parallèle, la décision de la Cour Suprême du Canada dans le cas Daniels vs. Canada, en 2016, a ajouté du poids aux négociations de la FMM avec le fédéral. En effet, la Cour Suprême y a clairement exprimé que le gouvernement fédéral avait la même responsabilité envers le peuple Métis qu’envers les Premières Nations. De ce e décision découleront donc également des aides du gouvernement pour me re en place des programmes et services sociaux destinés à redonner un avantage aux Métis d’aujourd’hui et de demain. « Nous avons déjà lancé des initiatives en matière de logement, d’éducation, de formation, de développement économique ou encore de petite enfance, annonce David Chartrand. Par exemple, nous avons reçu 500 millions $ pour le logement. » Avant ce e décision, la Province et le fédéral se renvoyaient la responsabilité de servir les Métis donc les Métis ne recevaient pas les services qui leur étaient dus « alors que nous payons à travers le Canada 2,6 milliards $ de taxes par an », souligne le président. « C’est une grande victoire concrète pour nous, termine Al Benoit. Avec l’appui de la Cour Suprême dans le cas Daniels et les revendications des terres, et grâce à la volonté du gouvernement fédéral d’avancer avec nous, nous posons finalement deux pierres solides pour la construction d’un meilleur avenir pour les futures générations métisses. »