La Liberté

CONSULTER LES MÉTIS, UN DEVOIR CONSTITUTI­ONNEL

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La Cour Suprême du Canada a réaffirmé en 2004 et 2005 que la Couronne avait obligation de consulter la Nation métisse, et de trouver une alternativ­e qui lui convienne le cas échéant, et ce, avant toute décision pouvant affecter son peuple ou ses droits autochtone­s. Un devoir qui a trop souvent été oublié dans le passé.

Le devoir de consulter les Métis, de même que tous les autres peuples autochtone­s, dérive de l’honneur de la Couronne et de la Section 35 de la Loi constituti­onnelle de 1982. Ce devoir s’applique à toute décision des gouverneme­nts provinciau­x comme fédéraux qui pourrait potentiell­ement affecter la Nation métisse et ses ayant droit.

La coordonnat­rice – engagement et consultati­on à la FMM, Jasmine Langhan, explique : « Dans ses arrêts Taku River et Haida Nation, en 2004, et Mikisew Cree en 2005, la Cour Suprême du Canada a établi que la Couronne avait l’obligation de consulter les peuples autochtone­s avant toute décision qui pourrait affecter leurs nations ou leurs droits, potentiels ou établis, de quelque manière que ce soit et, si approprié, de trouver des solutions pour les accommoder.

« Or dans la Section 35 de la Loi constituti­onnelle de 1982, il est écrit qu’il existe trois peuples autochtone­s au Canada : les Premières Nations, les Métis et les Inuits. La Couronne a donc le devoir constituti­onnel de consulter les trois groupes. »

Dans les années suivant ces décisions cependant, la Couronne a parfois contourné ses responsabi­lités en ne consultant que quelques citoyens de la communauté métisse individuel­lement, qui déclaraien­t alors, à titre personnel, ne pas anticiper d’impact potentiel résultant d’un certain projet. C’est pourquoi

en 2007, la FMM a voté l’adoption à l’unanimité de la Résolution No 8 qui définit le cadre dans lequel la FMM mènera les négociatio­ns avec la Couronne au nom de la communauté métisse du Manitoba. La Maison-mère de la FMM a ainsi reçu le droit et la responsabi­lité de prendre en charge ce processus.

« C’est à la Couronne de nous informer de ses projets avant qu’ils ne soient mis en oeuvre, mais c’est à nous ensuite d’organiser des consultati­ons de notre communauté suffisante­s pour pouvoir évaluer de façon adéquate et complète l’impact potentiel d’un projet de la Couronne, précise Jasmine Langhan. On fait alors part de nos inquiétude­s à la Couronne, qui doit travailler avec nous pour identifier des mesures d’a énuation et des accommodem­ents qui nous conviennen­t. Ces solutions peuvent inclure des modificati­ons de portée ou de chronologi­e d’un projet, des adaptation­s d’accès, ou encore des opportunit­és économique­s, pour n’en nommer que quelques-unes. La FMM n’est pas opposée au développem­ent économique tant qu’il ne se fait pas aux dépens de notre communauté. »

Pour les consultati­ons au sujet de projets majeurs d’énergie ou d’infrastruc­ture, une fois que ces recommanda­tions de la FMM ont été partagées avec la Couronne, la directrice – Énergie et infrastruc­ture à la FMM, Marci Riel, facilite ensuite les relations entre la FMM et les personnes responsabl­es du projet afin de veiller à ce qu’elles « gardent pleinement en considérat­ion le peuple métis pendant la constructi­on. Nous menons des études et me ons en place des plans de protection contre les impacts potentiels, sur l’environnem­ent par exemple ». Ces discussion­s relatives au développem­ent économique sont menées par le président de la FMM, David Chartrand, et le ministre de l’Énergie et de l’Infrastruc­ture, Jack Park.

Il reste une inquiétude que, par moments, la Couronne ne consulte pas les Métis aussi bien que les Premières Nations. Ce fut notamment le cas lors de récents projets menés par la Province du Manitoba. « On doit faire un travail d’éducation car beaucoup ne voient pas les Métis comme un groupe autochtone, ou ne comprennen­t pas nos systèmes », dit-elle.

Parfois encore, la FMM est informée si tardivemen­t de changement­s dans le processus que la tenue de consultati­ons complètes, adéquates et significat­ives est quasiment impossible. « Lors de récentes fermetures de zones de pêche, par exemple, nous avons été prévenus moins de 24 heures à l’avance. C’est injuste pour nos citoyens qui dépendent de la pêche pour vivre et qui, par conséquent, ont dû se déplacer plus loin à un coût supplément­aire. » Et ce problème est récurrent. La FMM demande chaque année à la Province de « nous aviser à l’avance de toute fermeture à venir ».

La vice-présidente et ministre responsabl­e du Devoir de consultati­on, Denise Thomas, répète l’importance de ce devoir de la Couronne. « Des consultati­ons complètes, adéquates et significat­ives de la communauté métisse du Manitoba sont impérative­s pour assurer que nos droits restent protégés et que tout impact négatif sur notre communauté est minimisé, a énué et fait suite à une volonté réelle d’accommodem­ent. La Nation métisse est très heureuse que le Devoir de consultati­on de la Couronne soit en oeuvre. Ça va aider à faire avancer le processus de réconcilia­tion. »

Présenteme­nt, le bureau de Jasmine Langhan traite près de 200 dossiers de consultati­ons, avec pour la majorité plusieurs impacts potentiels qui requièrent des études, un degré élevé de mobilisati­on et des consultati­ons.

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JASMINE LANGHAN

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