La Liberté

FIER DE SES TRADITIONS

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Originaire de Swan River, Bob Church a chassé, pêché, piégé et fait la cueille e toute sa vie dans la tradition métisse de sa famille. Pour lui, conserver ces droits de récolte des Métis est essentiel pour la survie de la nation métisse.

Bob Church a grandi à Swan River entouré de 12 frères et soeurs. Sa famille n’était pas riche et tout dépendait des pièges et de la chasse, surtout l’hiver. « Mon père allait souvent faire du piégeage. Et tant qu’il faisait du piégeage, ma mère pouvait prendre autant de nourriture qu’elle voulait au magasin général. Mon père remboursai­t avec des fourrures. Il travaillai­t aussi sur la constructi­on d’autoroutes en été mais en hiver, il était au chômage sans indemnités. » À l’époque, les fourrures ayant les valeurs les plus élevées étaient le lynx, le vison, le rat musqué et le castor. Aujourd’hui, Bob Church recherche avant tout les martres, les pékans, les coyotes et toujours les lynx. « On allait aussi chasser pour se nourrir, poursuit Bob Church. On a rapait des lapins, des perdrix… À six ou sept ans, on savait déjà comment tuer un lapin, et ma mère était tellement fière quand on rapportait quelque chose! Elle n’a endait pas que la viande refroidiss­e pour la préparer! » C’est en effet à cet âge-là qu’il a commencé à se servir de son premier fusil à coup simple de calibre .22. Il se souvient également des parties de cueille e de bleuets « pendant que ma grande soeur faisait du bannock dans la poêle en fonte ». La cueille e, la chasse et le piégeage ne sont pas les seules compétence­s qu’il a apprises de sa famille. « J’ai aussi essayé le tannage traditionn­el d’orignal et d’élan, raconte-t-il. Je n’en fais plus maintenant car c’est trop difficile et ça prend trop de temps, mais je sais comment faire. » En fait, Bob Church assure qu’il pourrait vivre en autarcie sans trop de défis pour plusieurs mois grâce à toutes ses connaissan­ces. « Je sais me repérer sans carte ni GPS ni boussole, trouver de la nourriture, des plantes médicinale­s, sécher la viande, me protéger du chaud et du froid. Je connais et je comprends la terre. »

Transme re

Aujourd’hui père de trois garçons et grand-père, Bob Church a très à coeur de continuer à partager ces traditions métisses avec sa descendanc­e. « L’enfance que j’ai eue n’était pas facile, mais c’était essentiel pour moi que mes enfants et petitsenfa­nts connaissen­t leurs racines, leur culture, l’endroit d’où viennent leur âme et leur sang. « Alors j’ai non seulement élevé mes fils pour qu’ils aient de bons métiers, mais aussi pour qu’ils sachent chasser, pêcher, piéger, etc. Aujourd’hui encore, on fait tout ça en famille régulièrem­ent, et les plus jeunes nous accompagne­nt. Puis nous partageons nos récoltes avec les aînés selon la tradition. » Au delà de sa famille, Bob Church a partagé les traditions métisses à des dizaines de jeunes à travers le programme de la MMF Métis Cultural Survival Skills, qu’il enseigne depuis environ 20 ans dans les écoles de Thompson jusqu’à SaintMalo. « Je veux que les enfants Métis soient fiers de leur mode de vie, de leurs traditions. S’ils ne les pratiquent pas, elles vont disparaîtr­e. Et ce n’est pas seulement une question de culture. Connaître le piégeage, par exemple, c’est vraiment un atout économique. » Il explique : « L’an dernier, les fourrures sauvages ont rapporté plus de 12 millions $, et 80 % de ces piégeurs étaient des Autochtone­s ou des Métis. Ces fourrures les ont donc aidés à payer leur nourriture, leur électricit­é, leur loyer, leur chauffage. »

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