Cliniques express, BEF, traducteurs coupés : CONTRE-ATTAQUE RECHERCHÉE
À partir du 1er avril, le Service de traduction de la Province sera quasiment réduit à néant. Une décision du gouvernement Pallister que Christian Monnin, le président de la SFM, dénonce comme faisant partie d’une « tendance préoccupante ».
Le 30 mars 2019, six traducteurs-réviseurs et un traducteur perdront leur poste à temps plein à la Direction du service de traduction de la Province. Quatre postes à temps plein vacants seront également éliminés : un directeur, un spécialiste d’aide à la traduction et deux traducteurs-réviseurs.
Dans un courriel, la ministre de la Francophonie Rochelle Squires justifie la restructuration ainsi : « Le gouvernement du Manitoba améliore l’efficacité de la Direction du service de traduction en augmentant la production venant de traducteurs pigistes, pour répondre à la demande des instances publiques et pour fournir davantage de publications gouvernementales dans les deux langues officielles. « L’emploi de plus de pigistes permettra d’augmenter le volume de documents traduits de 10 %. Ainsi, nous pourrons traduire entre 13 000 et 13 500 documents par an. »
Le président de la Société de la francophonie manitobaine Christian Monnin estime pour sa part que la Province n’assume pas ses responsabilités : « Les obligations linguistiques et constitutionnelles du gouvernement dépassent le cadre des considérations financières. Pour épargner de l’argent, sept personnes perdent leur emploi. Je ne suis pas content pour les employés qui vivaient de leur bilinguisme comme pour la francophonie. On ne peut pas réduire les obligations linguistiques d’un gouvernement à un simple chiffre dans un budget.
Le coût des pages traduites? Je m’en balance. Le gouvernement a uneobligation.»
Une obligation enfreinte à plusieurs reprises, estime Christian Monnin : « Cette décision fait partie d’une tendance préoccupante. On coupe des postes de traducteurs. On élimine le sous-ministre adjoint responsable du Bureau de l’éducation française (BEF). On restructure le BEF, on nomme un sous-ministre de l’Éducation unilingue anglais. On ferme des cliniques express offrant des services bilingues.
« Il faut que la SFM explore avec ses partenaires de la communauté comment elle va réagir face à cette tendance. J’en discuterai cette semaine avec Daniel Boucher, le directeur général de la SFM. Il faut envisager des actions concertées et communautaires. Que ce soit des discussions franches mais productives avec la ministre de la Francophonie Rochelle Squires, ou peut-être encore des gestes publics. Je suis certain que le gouvernement provincial était très conscient du rassemblement du 1er décembre tenu à Saint-Boniface en solidarité avec les Franco-Ontariens (voir pages 6 et 7). »
Louis Tétrault est membre du Conseil consultatif des Affaires francophones établi par la Loi 5 pour assurer un dialogue entre la francophonie et la Province. Il déplore que le gouvernement Pallister ait choisi d’annoncer la restructuration au Conseil la veille de l’annonce publique.
« La ministre a convoqué le Conseil à une réunion extraordinaire le 26 novembre. Des membres représentant la communauté francophone, il n’y avait que Aileen Clark et moi-même. Daniel Boucher était présent, à titre de DG de la SFM.
« La réunion était censée être une consultation. Mais quand on nous donne un jour de préavis, ce n’est pas une consultation. Malgré la Loi 5, malgré l’établissement du Conseil consultatif, la communication avec le gouvernement est encore très faible.
« Quand les cliniques express ont été fermées, on n’a même pas été avertis. Le scénario s’est reproduit dans le cas du sousministre adjoint du BEF. Ça commence à être frustrant. Mon sentiment est que la ministre Squires a de bonnes intentions. Elle souhaite vraiment l’épanouissement de la francophonie. Mais je ne crois pas qu’elle soit parmi les ministres les plus influents.
« Le gouvernement a clairement démontré ses intentions. Il nous présente la nouvelle comme une manière d’augmenter la quantité des documents traduits. À mon avis, la seule bonne nouvelle est qu’on pourra revenir à la Province en 2020 et lui demander : il est où le 10 % de volume de traductions en plus? »