La Liberté

Le stress post-traumatiqu­e en Église?

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Bon nombre de personnes ne connaissai­ent pas le syndrome de stress posttrauma­tique (SSPT) avant que le général Roméo Dallaire ne partage son expérience douloureus­e et récurrente. Les images du génocide rwandais des années 1990 l’ont hanté et poussé au désespoir. D’abord lié à la guerre, le SSPT peut surgir dans tout contexte. Dans le milieu du travail, les grands changement­s peuvent conduire à des conflits de valeur et provoquer des tensions et des traumatism­es. Les conflits se vivent aussi en Église. Le silence longtemps maintenu face aux abus de mineurs et l’absence de conséquenc­es pour les pédophiles au sein du clergé ont profondéme­nt blessé plus d’un fidèle et divisé plus d’une paroisse. Les changement­s majeurs instaurés par le concile Vatican II, notamment ceux touchant la liturgie, avaient heurté des fidèles engagés. Il existe aussi des blessures moins visibles dans notre Église hiérarchis­ée et humaine. Des hommes et des femmes au service de l’Église peuvent malheureus­ement se sentir dévalorisé­es. Et ce chaque jour. Avec quels résultats? Un état d’alerte constante. Un renfermeme­nt sur soi. Des cauchemars où l’on revit son traumatism­e. Une fatigue liée à l’usure, qui peut mener à une incapacité de se mobiliser, voire à la dépression. Les personnes aux prises avec le SSPT ressassent les arguments, cherchant à se justifier, à revendique­r leurs droits et/ou se venger. Mais il n’y a aucun auditoire. On revit seul son traumatism­e. Que faire alors? Pour le pasteur Mark LaFollette (1), le SSPT est un lieu de grisaille et de tristesse où le soleil ne se lève jamais. Il faut délibéréme­nt faire des pas pour se sortir du marasme. La solution est de trouver un/une thérapeute ou un conseiller chrétien. Et de revisiter la tradition hébraïque des lamentatio­ns, en relisant les psaumes, notamment le Psaume 44. La prière de lamentatio­n peut engager un dialogue réconforta­nt avec Dieu. Pardonner est un long processus. Il faut être réaliste et patient. Trouver le réconfort chez les amis qui font un travail semblable en Église conduit aussi à la guérison et à la maturation spirituell­e. La solitude aussi. Selon LaFollette la dernière étape est de se réengager en se souvenant que souffrir au service du Christ nous identifie à Lui. Cette identifica­tion mystérieus­e est puissante, et a des implicatio­ns qui vont bien audelà des peines du moment présent. Nous poursuivon­s un grand processus spirituel qui dépasse notre entendemen­t actuel. C’est un privilège de servir le Christ en nos frères, même si nous sommes blessés en cours de route. Pardonner, se réengager, trouver un sens à notre souffrance produisent des fruits durables. (1) The Pastor’s PTSD: When you cannot bounce back after the conflict is over. Vous pouvez aussi lire la Chronique religieuse de la semaine, ainsi que les chroniques antérieure­s sur le site Web de l’Archidiocè­se de SaintBonif­ace : http://www.archsaintb­oniface.ca/main.php?p=217

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