Une fraternité écologique
LLe monde scientifique a abondamment documenté le Big Bang et l’évolution des espèces, au point où il s’agit plus que de simples hypothèses. Or ces découvertes dévoilent un trésor insoupçonné sur le rôle du Créateur, du développement du cosmos et de sa destinée. Des richesses spirituelles en découlent en abondance pour alimenter notre monde en péril, enlisé dans l’individualisme égoïste. L’évidence que le monde physique soit issu de l’Énergie créatrice immanente d’un Dieu aimant se trouve enrichie par le concept de l’évolution de toutes créatures, qui affirme que tout l’univers provient de la même matière élaborée pendant des milliards d’années dans les fournaises ardentes que sont les étoiles. Cette continuité ininterrompue relie donc tous les êtres, des nanoparticules jusqu’aux humains doués de conscience et de raison, y compris Jésus de Nazareth dans toute son humanité. Ce qui est vient de ce qui a été, en conformité avec le principe scientifique de la conservation de la matière. Ainsi, tous les êtres forment une fraternité plus fondamentale que celle du sang : une fraternité atomique. Nous sommes tous reliés avec nos ancêtres roches, plantes, et animaux – et avec les créatures qui partageront un jour les mêmes particules. Dieu seraitil alors le premier grand recycleur? Éveillés par cette nouvelle prise de conscience, certains théologiens font une lecture plus informée de nos livres saints et possèdent une interprétation plus exaltée de l‘Incarnation. L’Ancien et le Nouveau testament abondent d’allusions à cette confrérie entre toutes les créatures. Tout le cosmos vient de Dieu et est maintenu continuellement en existence par ce même Esprit d’amour. De plus, le cosmos est doué d’une capacité d’autotranscendance qui l’engage sans cesse vers une complexité croissante et l’attire vers une glorification à venir. En là réside le sens eschatologique de l’Incarnation. De tous les temps la création aspire à cet épanouissement total, comme le dit Paul : « Toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement. » (Ro 8,22) Création, incarnation et résurrection sont les étapes d’un même geste, la divinisation de l’humain et le renouvellement de toute « chair », soit une création nouvelle. Et par « chair » il faut inclure toute créature vivante et non vivante, du passé et de l’avenir, allant de la lointaine nébuleuse, au sable de la mer, au brin d’herbe, aux cheveux de notre tête, aux humains d’aujourd’hui et de demain. Car aux yeux de Dieu tous les êtres sont précieux et enveloppés d’amour. « Que le Seigneur se réjouisse en ses oeuvres! » (Ps 103, 31).