L’itinérance peut toucher tout le monde
Depuis qu’elle a commencé à travailler pour 1Justcity en 2015, Tessa Blaikie Whitecloud a constaté une augmentation du nombre de personnes dans le besoin. « À ce moment là, quand on disait qu’on avait beaucoup d’utilisateurs de nos services, on parlait de 90 personnes. À présent, nous accueillons 125 personnes au souper pour une journée moyenne. »
Une situation que Tessa Blaikie Whitecloud explique en partie par le manque de logements. « À notre refuge Just a Warm Sleep, quatre ou cinq personnes qui viennent passer la nuit travaillent à plein temps, mais ils ne trouvent pas de logements abordables. »
Jusqu’en 1993, Winnipeg avait une politique de logements sociaux. « Aujourd’hui, la ville manque de logement à bas prix. Depuis plus de 20 ans, il n’y a plus de stratégie en place pour permettre aux plus démunis de se loger. »
Cependant, elle ne considère pas le manque d’initiatives politiques comme seules responsables des problèmes. « Certaines personnes n’ont pas le sens de l’argent. J’ai rencontré un jeune homme qui a perdu ses deux parents avant d’être majeur. Il ne savait pas utiliser une carte de crédit, et s’en servait à outrance. Quand son immeuble s’est transformé en copropriété, la vérification de crédit l’a empêché de trouver un autre logement. Je croise aussi beaucoup de personnes qui sont sans-abri depuis des années. Pour elles, c’est difficile de penser à avoir un abri permanent. »
L’itinérance peut toucher tout le monde. « On a tous les profils. Parfois, on a des familles. Ils sont tous gentils, ils ont juste eu un coup de malchance. Je rencontre des personnes qui souffrent de pauvreté maintenant, parce qu’enfants ils ne mangeaient pas à leur faim et n’arrivaient pas à se concentrer en classe. D’autres qui ont été victimes de violence dans leur enfance. Les problèmes que rencontrent les Autochtones ont été causés par ce qui leur est arrivé dans le passé. Et comme société, on doit vraiment en prendre conscience. »