La Liberté

La religion en débat à l’école Taché

- Marie BERCKVENS mberckvens@la-liberte.mb.ca

Cinq parents ont assisté à la réunion ordinaire de la Commission scolaire franco-manitobain­e (CSFM) le 24 avril à Lorette. Leur message : faire part de leur désapproba­tion suite à l’introducti­on du cours du groupe religieux américain Child Evangelism Fellowship (CEF) à l’école Taché.

Déçu. C’est ce mot qui est revenu à plusieurs reprises dans la bouche de Jean-luc Beaudry, père de deux enfants en 1re et 4e année à l’école Taché, à la sortie de la réunion. « J’ai été déçu que la Commission scolaire n’a pas entendu mes craintes au sujet du contenu du curriculum religieux qui se fait enseigner à l’école Taché. Pour moi, le contenu du cours est sexiste et misogyne. J’aurais voulu que la Commission s’exprime plus précisémen­t sur le contenu du curriculum du groupe Child Evangelism Fellowship. »

Au début de la réunion, Jeanluc Beaudry, pendant une quinzaine de minutes, avait exprimé ses craintes, auxquelles Bernard Lesage, président et porte-parole de la CSFM a répondu : « D’après le curriculum qui nous a été présenté, l’enseigneme­nt religieux respecte les valeurs de la DSFM et la

Charte canadienne des droits et libertés. Et le processus de pétition a été bien suivi. Alors, on est tenus de respecter la loi scolaire. S’il y a par exemple des propos homophobes dans le curriculum, on aurait à annuler le cours. »

Jean-luc Beaudry soulève que le risque de prosélytis­me est grand. « C’est intégré dans le curriculum. Les enfants sont encouragés à parler de ce qu’ils ont vu au cours. C’est contre la Charte canadienne des droits et libertés.»

Bernard Lesage : « Je peux comprendre que des parents, dont ce n’est pas la religion, préfèrent que leurs enfants ne soient pas sujets à entendre d’autres conviction­s. Mais en même temps, dans la vie en général, les enfants sont assujettis à plein de conversati­ons et les parents ne seront pas nécessaire­ment d’accord. C’est un peu le travail d’un parent de parler avec son jeune. »

Les parents présents lors de la réunion ont fait part d’autres craintes. Kristin Chartrand exprime que le fait qu’un seul cours d’enseigneme­nt religieux soit mis en place peut engendrer de la confusion : « Pour un enfant de six ans, ce que l’école dit, c’est la loi. »

Les parents présents ont aussi soulevé que ce qui est vraiment dit dans la classe ne fait l’objet d’aucun contrôle. Bernard Lesage se défend : « La direction de l’école Taché, de temps à autres, va passer un peu de temps en salle de classe. En même temps, on ne va pas s’asseoir à 100 % du temps au fond de la classe pour voir ce qui se dit. Quand on reçoit un curriculum qui nous dit ce qui va être enseigné pendant ce cours religieux, on doit quand même faire confiance à ceux qui nous donnent ce curriculum et avoir confiance en ce qu’ils vont enseigner. »

Bernard Lesage précise que l’enseignant qui donne une demiheure de cours chaque semaine à 25 élèves est payé « soit par les parents qui en ont fait la demande, soit par le groupe religieux en question ». C’est la première école de la DSFM qui accueille un cours du groupe religieux CEF.

Les parents opposés au cours auraient aimé être avertis par l’école. Bernard Lesage : « Ça aurait pu être interprété comme une invitation à s’inscrire à ce cours. On doit être cohérents dans nos actions. Lorsque la catéchèse est enseignée dans une autre école de la DSFM, on n’avertit pas qu’il va y avoir ce cours de religion. Il n’y a jamais eu de parents qui se sont plaints. »

Le groupe de parents réfractair­es a discuté de la possibilit­é de proposer un cours d’enseigneme­nt religieux. Par exemple, Jean-luc Beaudry aimerait voir apparaitre un cours sur les religions du monde, « dans un environnem­ent où toute religion est respectée et où toutes les religions ont valeur égale ».

Bernard Lesage tient à titre personnel à souligner que « je pense qu’on doit respecter la liberté de religion. Maintenant, est-ce que ça devrait se passer dans une école publique, dans un système public? Le débat devrait se faire au niveau de la société et non pas au niveau individuel. D’une façon ou d’une autre, ça revient quand même aux parents de choisir si leur enfant devrait suivre l’enseigneme­nt religieux ».

Jean-luc Beaudry a récemment envoyé un message électroniq­ue pour faire part de ses objections au ministre de l’éducation Kelvin Goertzen. Il n’a pour le moment reçu qu’un accusé de réception.

La Commission scolaire a pris un arrêté en première lecture qui permettra l’année prochaine à l’école Noël-ritchot à Saintnorbe­rt et l’école Saint-joachim à la Broquerie de dispenser un enseigneme­nt religieux.

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Photo : Marie Berckvens Jean-luc Beaudry, père de deux enfants à l’école Taché a exprimé ses craintes devant la Commission scolaire franco-manitobain­e.
 ?? Photo : Marie Berckvens ?? Bernard Lesage, président de la CSFM.
Photo : Marie Berckvens Bernard Lesage, président de la CSFM.

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