Le parcours exceptionnel de Michel Lavoie
Michel Lavoie a fait ses premiers pas à l’école du Ballet royal de Winnipeg à l’âge de six ans. Après des débuts difficiles, il s’est pris de passion pour la discipline et a gravi les échelons de la division professionnelle. Cette année, il a décroché l’un des contrats très convoités de la compagnie pour la saison 2019-2020.
Le danseur francomanitobain de 18 ans se souvient : « Pendant ma première année de danse, ma mère devait rester dans la salle avec moi pour que j’arrête de pleurer. J’étais très gêné. Si elle n’était pas là, je ne faisais rien. J’ai retrouvé ma première enseignante pendant ma dernière année dans la division professionnelle. C’était une façon de boucler la boucle. »
Monique Lavoie, la mère de Michel, avait suivi le programme d’enseignement du Ballet national de Toronto. « Elle savait que j’avais le potentiel pour réussir en ballet, alors elle a insisté pour que j’y aille. Elle a même inscrit mon grand frère,
André, pour que je me sente plus à l’aise en cours. Il est resté quelques années. Mais lui non plus n’aimait vraiment pas le ballet. »
Tout a changé quand Michel Lavoie a vécu sa première expérience sur scène, dans
Casse-noisette. « Tous les ans, ma mère me suggérait d’auditionner pour un rôle d’enfant dans le spectacle de la compagnie. Je répondais toujours non. Quand j’ai eu dix ans, je suis arrivé à l’âge limite pour auditionner. C’était ma dernière chance, alors j’y suis allé. Et j’ai pu faire partie de la production. »
Voir l’univers de la danse comme artiste lui a ouvert les yeux. « J’ai vu ce que le monde de la danse pouvait offrir. À ce moment-là, je me suis dit : C’est ce que je veux faire. C’était une expérience vraiment spéciale, et je n’ai jamais changé d’avis. »
Face à son enthousiasme suivant le spectacle, Monique Lavoie a orienté Michel vers la division professionnelle de l’école pour l’année suivante. « Depuis le début, elle me parlait de la division professionnelle.
J’ai commencé à considérer cette possibilité, et j’ai auditionné pour le programme. J’ai été invité à participer au programme d’été, puis j’ai obtenu une place pour l’année suivante au niveau un. »
Le jeune Winnipégois y est resté jusqu’au niveau sept, le plus élevé de l’école. « Je pense avoir bien géré la pression du milieu. C’est très compétitif, plus particulièrement pour les filles qui sont beaucoup plus nombreuses. Nous avions des examens tous les ans, et certains élèves n’étaient pas invités à poursuivre le programme l’année suivante. Mais je n’ai jamais vraiment pensé à la possibilité de ne pas revenir. »
| Le français à coeur? Ajustements exigés!
À l’école du Ballet royal, Michel Lavoie était un élève un peu particulier. « Normalement, tous les élèves du programme vont à la même école, parce que notre emploi du temps est aménagé pour inclure plusieurs heures de danse dans la journée. Mais mes parents voulaient que je continue à suivre une scolarité en français.
« Je suis resté à l’école Taché quand j’ai intégré le programme, puis j’ai effectué ma 7e et 8e année au Collège Louis-riel. Je passais mes heures de dîner à rattraper les cours que je manquais. En 9e année, j’ai rejoint les autres élèves du programme de ballet au Collegiate de l’université de Winnipeg, où ils offraient un programme spécial pour les danseurs. »
Quand il a commencé la danse intensivement, le danseur a redouté la réaction de ses camarades. « J’avais peur que mes amis d’enfance me rejettent à cause de ma passion. Pendant mes premiers mois dans la division professionnelle, je trouvais des excuses pour justifier mes absences tous les après-midi. Un rendez-vous chez le docteur, un rendez-vous chez le dentiste, j’avais toujours des problèmes médicaux ! »
Cependant, la vérité a fini par éclater. « Dans ma tête, le monde allait s’arrêter si les autres savaient que je dansais. Mais finalement, il ne s’est rien passé, et mes amis ne m’en ont pas voulu. Je n’ai eu aucun problème à l’école. J’ai eu de la chance, parce que ce n’est pas toujours le cas pour les danseurs. »