La Liberté

SAINT-JEAN-BAPTISTE : LE SYMBOLE

- Bernard BOCQUEL bbocquel@mymts.net

Pour marquer les 150 ans de l’arrivée des premiers colons de la région, le village s’est donné un monument pour lier le passé au présent.

Pour approfondi­r l’histoire de Saint-jean-baptiste, une adresse incontourn­able : le Centre du patrimoine de la Société historique de Saint-boniface et son directeur général Gilles Lesage, capable comme nul autre d’orienter les recherches.

S’impose de lire d’office Les Moissonneu­rs de la Rouge (18821982), gros livre de près de 600 pages édité à l’occasion du centenaire de la Municipali­té de Montcalm. Dans la partie consacrée à Saint-Jean-Baptiste, on apprend que « vers 1869, quelques familles métisses, la plupart en provenance de Saint-norbert, prirent des terres à la Rivière-aux-prunes, le long du trajet de la diligence de Fort Garry en route pour Pembina et St. Paul aux États-unis. Ces colons qui assistèren­t à la naissance de Saint-Jean-Baptiste furent Antoine, Joseph, Roger, Louis et Jean-baptiste Vandal, Prosper Ducharme, Amable Beaudry et Daniel Branconnie­r. »

Libre à chacun d’interpréte­r l’étendue du sens du verbe « assister ». Le récit se poursuit ainsi : « Lorsque l’abbé David Fillion […] qui venait desservir la petite mission de la Rivière-aux-prunes réalisa la fertilité du sol dans cette région, il rêva d’y amener des familles canadienne­s-françaises. » On peut penser qu’il prit conscience du potentiel des terres environnan­tes par la présence des Métis.

Dans son recueil Le secret du vieux moulin publié en 1978 dans le prolongeme­nt du centenaire de la paroisse de Saint-jeanBaptis­te, érigée canoniquem­ent par Mgr Taché au début de 1877, Rosaire Comeault, né en 1899, cite un « extrait d’une page d’histoire conservée dans les archives » :

« En 1875, des Sorellois de Fall River […] quand ils furent arrêtés en chemin à l’endroit qui s’appelait la Rivière-aux-prunes, ce sont des Métis établis dans la localité qui les décidèrent à faire des marchés pour acheter des terres. Et nos Canadiens se mirent au service de ces braves gens qui les traitaient un peu du haut de leur grandeur, car les Métis étaient alors rois du pays. » On ne saura sans doute jamais dans quelles archives Rosaire Comeault a puisé ce texte qui met en lumière un certain état d’esprit canadienfr­ançais.

Dans la courte biographie rédigée sur son arrière-grandpère Antoine Vandal pour Les Moissonneu­rs de la Rouge, Denis Grégoire met l’accent sur la religiosit­é de son aïeul. « Antoine accueillai­t à bras ouverts les membres du clergé. Sur sa propriété eut lieu le premier mariage à Saint-jean-baptiste en 1873, car la première chapelle ne fut bâtie qu’en 1874. » Au début des années 1880, la plupart des Métis de la région quittèrent pour le nord de la Saskatchew­an. Toutefois Antoine Vandal et plusieurs de ses enfants restèrent sur leurs terres.

Dans un petit exposé sur son village rédigé en 1916, Alma Comeault précisait : « En 1877, la paroisse se composait de 20 familles canadienne­s et autant de familles métisses. […] En 1884, la première église fut érigée. Il y avait alors 100 familles catholique­s. »

C’est à Alma Comeault que l’on doit aussi une scène d’anthologie : « En 1877, le premier bac fut construit par MM. Moïse Marion et Charles St-godard. La première traverse fut faite le 24 juin. Ce fut une très grande améliorati­on, car jusqu’à ce temps la traverse se faisait en charrettes tirées par des boeufs qu’on excitait à nager moyennant bon nombre de coups de fouet. »

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Photo : Marta Guerrero
 ?? Gracieuset­é : Société historique de Saint-boniface ?? → Une des plus anciennes photos liée à Saint-jean-baptiste déposée à la Société historique de Saint-boniface. La photo, qui montre le traversier sur la rivière Rouge, n’est pas datée. Elle est en tout cas postérieur­e à 1877.
Gracieuset­é : Société historique de Saint-boniface → Une des plus anciennes photos liée à Saint-jean-baptiste déposée à la Société historique de Saint-boniface. La photo, qui montre le traversier sur la rivière Rouge, n’est pas datée. Elle est en tout cas postérieur­e à 1877.

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