La Liberté

L'inspiratio­n ancree d'llana Pichon

- Morgane LEMÉE mlemee@la-liberte.mb.ca

Désormais, Winnipeg, « c’est comme à la maison » pour l’artiste visuelle Ilana Pichon. Elle revient dans le cadre du festival de murales Wall-to-wall et nous présente une oeuvre bien typique de son univers.

Baroudeuse dans l’âme, le coeur tantôt en Europe, tantôt au Canada, Ilana Pichon est ancrée au Québec. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle vient faire ses marques au Manitoba. Loin de là. Entre résidence et exposition­s, notamment au Martha Street Studio de Winnipeg, elle a justement participé au festival de murales Wall-to-wall, il y a deux ans. Mais si, souvenez-vous. Elle y avait laissé une murale nommée Fragments, haute en couleur, sur la devanture de la boutique EMK clothing, au 143, rue Sherbrook. (Voir Ode à la douceur winnipégoi­se dans La Liberté du 20 septembre 2017).

Wall-to-wall lui a proposé de réitérer l’aventure pour la sixième édition du festival. Et ce n’est pas dans les habitudes de l’artiste visuelle de dire non à un projet. Donnez-lui un mur, une idée, une date limite, et c’est parti.

Pour ce projet, Ilana Pichon a (presque) carte blanche. Un peu perturbant pour une habituée des contrainte­s. « Eh oui, parce que j’ai étudié en architectu­re. Les contrainte­s, c’est positif pour moi. »

Le mur qui lui est attribué est au 576, rue Wall, proche de la Barn Hammer Brewing Company. À l’intérieur du bâtiment, la compagnie No Fun Club est en train de s’installer. Quoi? Un studio de musique? Encore plus inspirant pour Ilana Pichon. « D’habitude, je m’inspire du territoire. Mais là, il n’y avait pas assez d’informatio­ns dans l’espace autour de la murale. C’est pourquoi j’ai visé plus large et je me suis inspirée de la vision de la compagnie. On m’a expliqué que No Fun Club a l’ambition de devenir le plus gros studio d’enregistre­ment dans l’ouest du Canada et de recevoir des artistes internatio­naux. Je suis donc partie de cette idée : rayonner depuis le centre du Canada. »

Rayons, rayonner. Voyezvous les points de géolocalis­ation sur les téléphones intelligen­ts? Des cercles qui indiquent des périmètres de distance. Ilana Pichon s’en est inspirée. « J’ai sélectionn­é huit parties de territoire­s sur Google Maps, huit cercles aux points cardinaux de Winnipeg et à une heure de distance. Après plusieurs séjours ici, j’ai compris que tout ce qui gravite autour de la ville se trouve à au moins une heure en auto. Ce qui est intéressan­t, parce que c’est dynamique. Ça devient aussi un marqueur de temporalit­é et de lecture du territoire. Une heure à la ronde, c’est ça la distance normale. »

Une heure à la ronde est le titre de son oeuvre. On reconnaît là l’inspiratio­n d’ilana Pichon, toujours soigneusem­ent pensée, réfléchie et ancrée dans le territoire. « Après avoir passé du temps à Winnipeg, ça m’a permis de l’apprivoise­r. D’avoir un regard différent. Cette année, j’y ai passé presque un mois et demi au printemps. J’aime voyager, mais j’aime aussi m’installer. Il y a cette nécessité de comprendre comment l’espace fonctionne et non juste atterrir et puis faire la touriste. »

Côté technique, Ilana Pichon réalise cette murale à la cannette en spray et en peinture. Ce mur de 24 sur 42 pieds comporte tout de même un défi rare : sept fenêtres. « Comme en musique, il y a déjà des notes sur ce mur et il va falloir composer avec ça. Je ne vais pas jouer n’importe quoi. Les échantillo­ns de territoire en forme de cercles illustrent différents styles de musique, rappellent le CD. L’arrièrepla­n, avec du noir et du blanc, évoque une pochette de vinyle ouverte dont on sortirait un 33 tours. Finalement, les couleurs sont issues du territoire et du logo de la compagnie. »

Encore en plein chantier, la murale Une heure à la ronde signée Ilana Pichon sera terminée le 23 septembre.

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Photo : Gracieuset­é Débora Flor L’artiste visuelle Ilana Pichon est de retour à Winnipeg pour illustrer tout un mur dans le cadre du festival Wall-to-wall.

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