LA VOIX DES SENTIERS
Anders Swanson est le directeur exécutif de la Winnipeg Trails Association, une organisation dont la vocation est de militer au nom de diverses organisations actives, par exemple dans le domaine de la santé. Des organisations qui voient l’intérêt de l’extension du réseau de sentiers et de pistes cyclables à Winnipeg.
L’espoir pour cette association à but non lucratif est que la pandémie pourrait participer à la prise de conscience en faveur des marcheurs et des cyclistes.
La Ville de Winnipeg a toujours privilégié les automobilistes en réparant les routes, plutôt qu’en développant le réseau de pistes cyclables. La pandémie pourrait bien infléchir la donne. La perspective d’anders Swanson, consultant spécialiste des transports actifs depuis 2003, et depuis 2017, directeur exécutif de la Winnipeg Trails Association.
Avec le confinement en vigueur, « tout d’un coup pour les cyclistes et les piétons, les rues ne semblent plus être aussi dangereuses qu’avant ». Pour Anders Swanson, « ça pourrait bien être un moyen de changer la pandémie en quelque chose de positif ».
L’ancien mécanicien vélo explique que « ça fait effectivement 70 ans que Winnipeg met tous ses oeufs dans le même panier. Dans la période actuelle, à chaque année la Ville investit environ 130 millions $ pour la réparation des routes, contre un à trois millions seulement dans le transport actif ».
Anders Swanson précise que « année après année, les pistes cyclables augmentaient, mais depuis quelques années, l’investissement est presque nul, avec une augmentation marginale.
« On a construit les routes pour que les gens conduisent des autos et on a oublié ceux qui conduisent des vélos ».
Pourtant, en 2016 la Ville avait approuvé un plan d’investissement sur 20 ans de 334 millions $ pour des réseaux de pistes cyclables.
Ainsi donc « on devrait dépenser autour de 17 millions $ par année dans ce projet, mais on en est loin ».
Renouer avec cet investissement est d’autant plus important aux yeux d’anders Swanson qu’avec la pandémie, « on a presque perdu un système de transport entier : celui du transport en commun.
On compte aux alentours de 170 000 déplacements par bus sur une journée normale à Winnipeg.
« Comment toutes ces personnes vont-elles se déplacer maintenant, si on n’offre pas d’autres alternatives? Heureusement, la COVID-19 semble changer les plans des bureaucrates autour du monde. »
Le passionné des deux roues pense par exemple au « grand réseau de pistes cyclables de 150 kilomètres qui doit être construit cette année à Paris. Ou encore à celui de 100 kilomètres à Rome ».
Au Canada aussi, « le gouvernement fédéral envoie des signaux pour construire des pistes cyclables temporaires, aussitôt que possible.
« C’est important de prendre l’opportunité pour augmenter le nombre d’espaces où les gens vont pouvoir être. Donc pas seulement les pistes cyclables, mais aussi les sentiers, les parcs, les terrasses. »
Cependant le consultant spécialiste des transports actifs regrette que, contrairement à d’autres parties du monde, ce type de développement n’avance pas vite à Winnipeg.
« Avec la pandémie, on a commencé à fermer à la circulation automobile certaines rues sept jours par semaine au lieu de juste la fin de semaine.
« On a ajouté la fermeture de cinq nouvelles rues. Mais ça prendrait plus d’efforts pour décrire ces mesures comme un vrai projet. »
D’un point de vue réseau de pistes cyclables, « la plupart de la ville de Winnipeg est déconnectée.
« Il faudrait des douzaines et des douzaines de projets comme la fermeture de rues résidentielles pour qu’on puisse parler d’un vrai réseau. »
Au moins, Anders Swanson explique que le gouvernement municipal aide « avec le ralentissement de la vitesse de circulation à 30 kilomètres par heure dans les rues résidentielles, par exemple ».
À ce sujet, de nouvelles règles devraient aussi apparaître à la fin mai.
Il estime ces ajustements indispensables, car « ce serait difficile de demander aux gens de se mettre sur la route si on ne changeait pas les règles concernant la vitesse des voitures ».
La vie en ville
Au niveau des restaurants et des bars aussi, « la Ville examine plus rapidement les permis de construire pour des patios.
« Car pour conserver une bonne distanciation sociale, les établissements ont besoin de patios trois à quatre fois plus gros qu’avant. »
Le directeur exécutif de la Winnipeg Trails Association des sentiers de Winnipeg soulève néanmoins l’existence d’inégalités.
« Il faut du temps et de l’argent pour faire de tels aménagements.
« Et quand le gouvernement provincial décide de permettre du jour au lendemain la réouverture des patios, une compétition s’installe entre les établissements. Certains ont plus de moyens que d’autres. »
Toutefois, même si « on ne voit pas encore beaucoup d’aménagements publics pour favoriser la réappropriation des rues par les piétons et les cylistes », Anders Swanson espère les voir augmenter « quand on pourra à nouveau sortir plus facilement ».