La Liberté

À la distanciat­ion sociale, répondons par la solidarité sociale!

- → Michel LAGACÉ mlagace@la-liberte.mb.ca

Deux annonces hautement politisées ont provoqué des réactions négatives au début du mois de mai. D’abord, le Premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a annoncé qu’il allait débourser 45 millions $ pour envoyer un chèque de 200 $ non imposables à toute personne au Manitoba qui avait atteint l’âge de 65 ans. Au motif arbitraire que les personnes âgées le mériteraie­nt.

Une semaine plus tard, le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, annonçait que 2,5 milliards $ seraient versés pour offrir un supplément de 300 $ aux 6,7 millions d’aînés qui reçoivent la pension de la Sécurité de la vieillesse. À ce cadeau s’ajouterait un autre supplément de 200 $ versés aux 2,2 millions d’aînés qui reçoivent aussi le Supplément de revenu garanti. Ces sommes sont aussi non imposables.

Dans les deux cas, aucune explicatio­n n’a été donnée pour justifier l’exemption d’impôt de ces sommes. Il tombe cependant sous le sens qu’il est inéquitabl­e qu’une personne qui travaille au salaire minimum doive tenir compte de ses revenus en calculant ses impôts, tandis qu’un individu très bien payé reçoit un cadeau libre d’impôts au seul motif de son âge.

M. Pallister ne semble pas avoir prévu que de nombreux observateu­rs, y inclus des aînés, ont rejeté sa propositio­n, préférant que les gouverneme­nts dirigent leur aide aux personnes dans le plus grand besoin. Il fait preuve en plus d’un grossier opportunis­me politique en accompagna­nt les chèques d’une lettre de ‘remercieme­nts’ signée de sa main. De toute évidence, de nombreux Canadiens sont prêts à soutenir les individus, les entreprise­s et les organismes en difficulté­s financière­s durant la crise sanitaire. Mais des paiements non imposables versés indépendam­ment du revenu des récipienda­ires sont injustifia­bles.

La réaction à ces annonces ouvre la porte à une initiative communauta­ire qui serait indépendan­te du clientélis­me vulgaire pratiqué par les gouverneme­nts. À opportunis­me politique pourrait répondre opportunis­me communauta­ire. Pensons à la fondation communauta­ire la plus ancienne du Canada, The Winnipeg Foundation, qui possède toute la crédibilit­é nécessaire pour lancer un appel à la population.

En partenaria­t avec les 55 autres fondations communauta­ires manitobain­es dont Francofond­s, et les cinq organisati­ons locales de Centraide au Manitoba, il serait possible de proposer aux Manitobain­s qui peuvent se le permettre de tout simplement leur verser les 500 $ inespérés. Ces organismes pourraient ensuite distribuer les fonds amassés aux personnes dans le plus grand besoin, car leur longue expérience leur permettrai­t d’identifier les organismes communauta­ires qui viennent en aide aux plus démunis de la société et aux personnes les plus à risque.

Les autorités sanitaires et les gouverneme­nts nous encouragen­t depuis la mi-mars à observer la distanciat­ion sociale. À nous maintenant de faire preuve de solidarité sociale en donnant un coup de main à ceux et celles qui en ont réellement besoin.

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