Qui veut l'adventure recolte le Manitoba
Yan Dallaire, un des animateurs radio D’ENVOL 91 FM, est arrivé au Manitoba il y a une vingtaine d’années par soif de découvertes. L’artiste à ses heures est resté au gré des opportunités professionnelles et des rencontres…
Le quadragénaire s’est retrouvé dans la Province du Milieu lorsqu’il avait 24 ans. Originaire de Jonquière au Saguenay, il travaillait sur la base militaire de Cold Lake en Alberta pendant les étés, quand il rencontra une fille originaire de Saint-adolphe qui suscita son intérêt.
« J’avais terminé mes études, donc rien ne m’arrêtait. J’ai décidé de partir à l’aventure. » C’est ainsi que le Québécois a mis le pied au Manitoba au début du millénaire. Même si sa copine s’identifiait davantage à ses racines écossaises, elle lui a néanmoins fait découvrir la francophonie manitobaine à travers le Festival du Voyageur, son bar Le Canot, ou encore la Maison Gabrielle-roy.
D’autres connexions s’établissent alors. « Un jour de 2001, je suis allé au CCFM (Centre culturel franco-manitobain) et j’ai acheté une copie de La Liberté. Une personne m’a abordé et a trouvé intéressant le fait que je venais tout juste d’arriver du Québec. C’est alors qu’il m’a proposé de passer en entrevue à la radio. »
Un premier contact qui lui ouvrit les portes du volontariat à Envol 91 FM cette année-là. En parallèle, Yan Dallaire trouvait aussi des emplois rémunérés au fil des contacts qu’il nouait : un premier emploi au Festival du Voyageur. Un poste d’un an en tant qu’adjoint du responsable du programme scolaire, qui l’a amené à devenir responsable des programmes du patrimoine pour la grande fête d’hiver entre 2002 et 2006.
« J’étais jeune et je trouvais que j’avais un emploi intéressant à responsabilités, ce que je n’aurais pas eu au Québec. À ce moment-là, j’ai su que je resterais pour un moment. »
Un premier amour et une soif d’aventure l’avaient entraîné jusqu’au Manitoba, des opportunités professionnelles l’ont fait rester. Et la vie lui réservait d’autres surprises.
Sa première histoire sentimentale se terminait quand il a rencontré MarieAnne Beaudette dans le contexte de son premier Festival du Voyageur comme employé, en 2002. « On s’est mariés, on a eu des enfants, Pierrot et Jacob Dallaire. Ce n’était pas rien. Cette fois-là, c’était évident que j’allais rester longtemps. »
Pour Yan Dallaire, les opportunités à Winnipeg n’étaient pas seulement d’ordre professionnelles. « Avec le temps, j’ai aussi pu développer mon côté artistique en devenant animateur d’une émission de radio en 2018, en écrivant et en jouant des pièces de théâtre, en présentant des spectacles d’humour. Des choses que je n’aurais pas pu explorer au Québec. »
Autant d’enchaînements favorables qui ont fait qu’il avait « l’impression de devenir quelqu’un et de m’ancrer dans le territoire, sans avoir peur de l’avenir ». Mais son envie de rester est-elle toujours aussi forte aujourd’hui?
La réponse est oui, notamment pour être auprès de ses enfants. Puis il aborde cette ambivalence, née en lui au passage des années pour expliquer se sentir à la fois très franco-manitobain et toujours québécois. « Je comprends tellement les Franco-manitobains, je les aime tellement, mais mes racines sont quand même au Québec. »
Si bien que Yan Dallaire s’identifie davantage aujourd’hui comme « un francophone hors Québec ». De par ses racines profondes, le Manitoba l’aurait plus façonné que changé, même s’il est difficile pour lui d’imaginer un scénario dans lequel il serait resté dans sa province natale. « Je n’aurais certainement pas été autant dans les arts et la communication, mais comment vraiment savoir? »
Concernant les préjugés vis-à-vis des communautés francophones de l’ouest, pour offrir sa perspective, Yan Dallaire nous ramène il y a 20 ans. « À l’époque, les cours d’histoire étaient donnés dans une perspective extrêmement québécoise. Aujourd’hui, les jeunes au Québec ont une meilleure conscience des communautés francophones. »
Il évoque aussi ses expériences personnelles, lors d’un voyage de six mois à Vancouver à l’âge de 17-18 ans. « La francophonie que j’ai découverte là-bas, dans les restaurants par exemple, était celle des Français de France et des Québécois. »
Difficile de ce fait pour le jeune Québécois de pouvoir comprendre la réalité des communautés francophones hors Québec. Il reconnaît donc être passé par « une phase d’apprentissage de cette francophonie ». Il note en passant que les préjugés les plus tenaces étaient néanmoins axés sur le climat : le fameux froid légendaire de Winnipeg.
Le moment de prise de conscience déterminant qui lui a définitivement fait adopter la francophonie manitobaine aura été sa participation active en 2010 à l’initiative À vélo pour mon drapeau, lancée pour marquer les 30 ans du drapeau franco-manitobain. « À ce moment-là, j’ai ressenti une grosse fierté de posséder la francophonie manitobaine en moi. »