Fermeture des bureaux agricoles : Un sentiment d’injustice et de colère
Madame la rédactrice,
J’ai décidé de vous écrire cette lettre pour dénoncer une situation inacceptable. Tant pour moi que pour de nombreux autres producteurs agricoles qui partagent mon sentiment d’injustice et de colère. Comment ne pas dénoncer la fermeture de 21 bureaux agricoles de la Province au rural, dont ceux de Somerset et Saint-pierre-jolys (désignés bilingues)? Sans oublier celui de Sainte-rose-du-lac, qui offre aussi des services bilingues. Je ne comprends pas pourquoi nous n’avons pas été consultés au lieu d’apprendre cette nouvelle dans les journaux. Les gens ne s’en rendent peut-être pas compte, mais l’impact est énorme sur les agriculteurs. Si, pour le Manitoba en général, l’agriculture est un pilier de l’économie, c’est encore plus vrai dans les municipalités bilingues où l’on retrouve un grand nombre d’agriculteurs francophones. En agriculture, pour être rentable, il faut être productif. Chaque minute compte. Régulièrement, je me rends au bureau agricole de Somerset. C’est à quelques minutes de chez moi. J’obtiens du service en français. Les agents me connaissent. Ils connaissent notre ferme et maîtrisent notre dossier.
Comme pour des milliers d’autres agriculteurs, avoir un service en face à face, c’est crucial pour moi. C’est efficace et ça permet d’établir la confiance pour bâtir de bons liens d’affaires.
Avec le nouveau modèle proposé par la Province, nous allons perdre tous ces acquis et perdre un temps immense. Personnellement, il va falloir que je me rende au bureau agricole de Portage-la-prairie. Là-bas, on va me servir en anglais et je vais être un numéro.
Si on avait des services de cellulaire et d’internet fiables au rural, je pourrais aussi communiquer avec un agent situé dans un bureau central. Mais ce n’est pas le cas.
Si vous doutez encore de l’efficacité d’un service en personne, je vous invite à venir passer 15 jours par chez nous et d’essayer de bien fonctionner à distance avec la technologie disponible à Saint-léon. On s’en reparlera.
Pour moi, c’est clair. La nouvelle formule proposée pour les bureaux agricoles est égale à un gaspillage de temps et d’argent pour les agriculteurs.
Aussi, je suis très déçu qu’on perde encore une fois de précieux services en français et des emplois bilingues au rural. Pourtant, on est toujours en train de demander plus de services en français pour nos communautés. Je demande à nos élus provinciaux de revoir leur position pour nous permettre de prospérer en français, au rural, sur nos fermes. Et de continuer à contribuer sans embûches à l’économie du Manitoba comme nous le faisons depuis toujours. Merci de corriger le tir rapidement.
Gaétan Talbot, agriculteur,
Saint-léon, le 10 février 2021.