Formuler un nouvel appel aux barricades
Madame la rédactrice,
L'histoire revient nous hanter au Manitoba : la perfidie de la destruction de notre héritage reprend.
Au 19e siècle, ils ont pris possession de nos hommes valeureux, les ont enchaînés, les ont incarcérés, ont tué le héros le plus prisé de notre communauté, le Père de notre province du Manitoba, l'homme qui a unifié l'ouest pour le livrer à notre gouvernement fédéral pour enfin créer le pays que nous connaissons aujourd'hui : le Canada, parmi les pays les plus respectés au monde.
En ce 21e siècle, ils prennent possession de nos bâtiments patrimoniaux, les enchaînent à deux tours d'immeubles hideuses, en construisant tout autour des murs pour les incarcérer et tuant ainsi pour nos enfants et les enfants de leurs enfants ce qu'il nous reste de notre honneur et de notre dignité.
Où sont les descendants des Britanniques, les Anglais, les Galois, les Écossais, les Irlandais? Où sont les descendants des Français, des Métis, des Autochtones pour mettre fin à ce génocide culturel?
Il n'existe plus d'espace dans tout le territoire de la ville de Saint-boniface pour accommoder ces temples commerciaux de la modernité? Ils doivent coûte que coûte profaner notre passé, notre présent et notre avenir.
J'ai le sentiment que ma ville natale de Winnipeg retourne aux années 1950 quand le monde des affaires et le Conseil de ville n'avaient qu'une seule perspective : argent-profit-taxes. Pourquoi doit-on prélever l'argent, les profits et les taxes sur le dos de notre héritage culturel?
Nous devons formuler un nouvel appel aux barricades, comme au temps de la barrière à Saint-norbert qui a empêché Mcdougall d'entrer sur le territoire pour faire la même chose que ce qui nous arrive aujourd'hui : la destruction de ce qui est le plus cher au coeur collectif, à l'esprit collectif et à l'âme collective de tous les citoyens de bonne foi, indépendamment de leurs origines.
Où se trouve l'esprit de révolution tranquille des années 1960 à Saint-boniface, des étudiants universitaires mobilisés et déterminés à transformer nos institutions en lieux où priment les règles démocratiques et où c'est le peuple qui fait loi et non les vils manipulateurs d'influence par leur argent?
Bruno Lagacé, le 19 février 2021.