La Liberté

Les efforts au quotidien pour maîtriser le diabète

Dale Alderson vit avec le diabète de type 2 depuis 30 ans. Comme la maladie est difficilem­ent détectable, il a d’abord eu du mal à accepter sa condition. Puis un jour, il a décidé d’en devenir le maître.

- Laëtitia KERMARREC lkermarrec@la-liberte.mb.ca

Le diabète de Dale Alderson a été diagnostiq­ué vers l’âge de 38 ans. « Je suis allé faire ma vérificati­on annuelle chez le médecin. Il m’a rappelé pour m’avertir que mon taux de sucre dans le sang (glycémie) était trop haut. Dès le lendemain, je suis retourné le voir et il a posé le diagnostic : un diabète de type 2. »

Le diabète de type 2 est de loin la forme la plus fréquente de diabète. Elle représente environ 90 % des cas. Les facteurs de risque sont nombreux : l’âge, la sédentarit­é, les mauvaises habitudes alimentair­es ou encore la génétique. (1)

La maladie provoque une résistance du corps à l’action de l’insuline et une diminution de sa production, ce qui se traduit par une augmentati­on du taux de sucre dans le sang (hyperglycé­mie).

Dale Alderson était sous le choc. « Je ne m’y attendais pas du tout. Je n’arrivais pas à le croire, parce que j’étais tout de même une personne active. Et comme il n’y avait pas de symptômes apparents, je suis rentré dans une sorte de déni. (2) »

« Il faut dire que, contrairem­ent au diabétique de type 1, le diabétique de type 2 peut vivre même s’il ne se soigne pas. Alors on a tendance à trouver des excuses pour ne pas se soigner. Mais il y a ensuite des conséquenc­es irréversib­les. Donc c’est important de se prendre en charge. Ça m’a pris quatre à cinq ans avant de vraiment admettre que j’étais malade. (3)

| Prise de conscience

« Une fois la prise de conscience acquise, le médecin m’a mis immédiatem­ent sous insuline. À mieux connaître les traitement­s à l’époque, j’aurais essayé de négocier des médicament­s au lieu. Mais d’un autre côté, l’insuline n’a pas les effets secondaire­s que les médicament­s peuvent avoir, alors ce n’est pas si mal. » (4)

Le traitement de Dale Alderson n’a pas changé depuis 30 ans, si ce n’est sa posologie.

« Avant, je devais m’injecter une dose d’insuline le matin, une à midi et une le soir, au moment des repas. Maintenant, c’est en fonction de ce que je mange, de la quantité, de mon exercice physique. Je tiens aussi compte du sommeil.

« Pour le juste traitement du type 2, ce sont vraiment des facteurs à prendre en compte, sans oublier le stress. Pour ma part, je ne dormais qu’entre quatre et cinq heures par nuit au moment du diagnostic. Un comporteme­nt qui a pu favoriser l’apparition du diabète. »

Pour contrôler sa glycémie, Dale Alderson dispose d’un appareil attaché à son corps.

« Ça s’appelle Freestyle Libre. Cet équipement me permet de vérifier mon taux de sucre dans le sang quand je le veux. Ensuite, je sais combien il me faut d’insuline. Je suis rendu à quatre injections par jour. Avec le temps, j’ai même appris à connaître les aliments qui font beaucoup varier ma glycémie. »

Ces améliorati­ons techniques lui ont ajouté du confort dans le suivi de son diabète. « Aujourd’hui, ma maladie ne me dérange plus. Grâce à cet appareil et à mon observatio­n, ma glycémie peut être identique à celle d’une personne vivant sans diabète. Même les aiguilles sont beaucoup plus fines qu’avant. En général, la vie des diabétique­s s’est beaucoup améliorée au fil des années. »

Même s’il reste bien évidemment quelques contrainte­s à déplorer.

« J’essaye d’éviter d’aller manger au restaurant, parce que je dois être sûr de la quantité de sucre que j’ingère. Ça peut représente­r un inconvénie­nt pour certains, car il faut planifier tous les repas en tout temps, puis se faire une injection.

« Depuis 25 ans, je n’ai pas mangé de barre chocolatée.

Pour les crèmes glacées, je m’en autorise une à deux par an et je prends ensuite plus d’insuline que d’habitude pour rééquilibr­er. Ou bien je pars marcher pendant une bonne heure. »

« Avec le diabète de type 2, c’est vraiment le patient qui est en charge de la maladie. Il est clairement tout à fait possible de la contrôler et d’avoir la même glycémie que les autres. Il ne faut juste pas laisser la maladie prendre le dessus. »

Dale Alderson doit compter 250 $ par mois pour l’insuline et 100 $ par mois pour l’appareil Freestyle Libre.

« Je n’ai pas d’assurance qui couvre les frais. Heureuseme­nt, l’argent n’est pas un problème pour moi.

« De toute façon, je considère que ces dépenses sont importante­s pour rester en vie! »

(1) Pour en savoir plus, voir l’article avec le Dr Robert Hegele dans cette même édition.

(2) Dans les débuts de la maladie, le diabète de type 2 est asymptomat­ique, ce qui provoque chez les patients souvent la surprise, voire le déni, au moment du diagnostic.

(3) S’il n’est pas traité, le diabète de type 2 peut déclencher de graves problèmes de santé au niveau du coeur, des vaisseaux sanguins, des reins, des yeux, du système nerveux. La maladie peut engendrer la cécité ou entraîner l’amputation d’un membre, par exemple.

(4) Dans le cadre du diabète de type 2, il est souvent donné aux malades des médicament­s qui permettent de diminuer la résistance à l’insuline, de stimuler la production d’insuline ou de diminuer l’absorption des glucides (sucres). Certains médicament­s entraînent des effets secondaire­s indésirabl­es, comme de l’hypoglycém­ie ou des ballonneme­nts. L’insuline par injection est une option très valable. On y a souvent recours après un échec des médicament­s oraux.

« Je ne m’y attendais pas du tout. Je n’arrivais pas à le croire, parce que j’étais tout de même une personne active. Et comme il n’y avait pas de symptômes apparents, je suis rentré dans une sorte de déni. »

- Dale ALDERSON

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Photo : Gracieuset­é Dale Alderson Dale Alderson vit avec le diabète de type 2 depuis 30 ans.

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