Retour sur la sécurité linguistique
La sécurité linguistique est un sujet qui est considéré de plus en plus comme étant une priorité par notre communauté bilingue. L’épanouissement de la langue française et de la culture francophone est quelque chose que la grande majorité des membres de la communauté tient à coeur, mais il existe toujours une discrimination envers les divers niveaux de langue et accents en français. L’éditorial de Michel Lagacé ( La
Liberté, janvier 2020) illustre bien les deux facteurs qui ont permis l’agrandissement de « l’espace francophone au Manitoba » (1). Ainsi, les écoles d’immersion française et l’immigration aident grandement à soutenir une communauté francophone florissante. N’est-ce pas qu’à la fin de la journée, c’est la communication en français qu’on cherche à encourager, peu importe l’accent ou le niveau de langue? L’immigration et les écoles d’immersion française apportent une diversité à notre communauté francophone, rendant la francophonie dans notre communauté beaucoup plus dynamique et colorée.
Après avoir présenté ce texte à un groupe d’élèves d’une école secondaire d’immersion, une élève a révélé que son ami n’aimait pas quand elle jasait en français, puisque son accent n’était pas « assez francophone ». Son français était très bon et elle était très à l’aise avec son niveau de compétence linguistique, mais à cause du commentaire d’une seule personne, sa confiance linguistique a été détruite. Cette histoire est décourageante et inquiétante, et le plus troublant est que ce cas n’est certainement pas une exception. Comment inciter des personnes à apprendre et à employer la langue française quand celles-ci se font dire que leur français « n’est pas assez bon » ? Sandrine Hallion, docteure en linguistique, explique que « [...] sensibiliser les élèves à la variation linguistique, c’est réduire, à l’intérieur comme à l’extérieur de la salle de classe, la stigmatisation de certaines variétés linguistiques et des groupes socioculturels qui les parlent ». (2) Autrement dit, l’inclusion doit faire partie de notre vocabulaire lorsqu’on partage le but commun d’agrandir notre communauté francophone.
La Société de la francophonie manitobaine ( SFM) a élaboré un plan stratégique pour l’épanouissement de la francophonie au Manitoba. Agrandir
l’espace francophone au Manitoba présente cinq orientations stratégiques : la pleine continuité francophone, le gout du français aux familles mixtes, le choix des nouveaux arrivants, le rapprochement avec les personnes bilingues et la sensibilisation des anglophones. (3) Une partie assez importante d’« inciter les anglophones unilingues […] à adopter une attitude positive quant à la francophonie manitobaine » (4) devrait être aussi adoptée par nous-mêmes, les francophones. Il faut avoir une attitude positive envers ceux qui aimeraient intégrer notre communauté et nous nous devons de les accueillir chaleureusement. La SFM cherche à appuyer l’expansion de la francophonie, mais c’est aussi à chaque individu d’être un acteur de la francophonie en promouvant le français.
Louis Riel s’est battu pour que la langue française soit reconnue au Manitoba, et pour le droit d’enseigner le français et de vivre la culture francomanitobaine. Cependant, ce n’est pas simplement notre droit, mais aussi notre responsabilité de perpétuer cette fierté francophone et d’encourager l’expression de la langue française. Il est important de reconnaitre la beauté des contributions de celles et ceux considérés comme étant extérieurs à la communauté francophone. En fait, la langue française n’appartient pas seulement à une élite. Elle doit être partagée afin de nous rapprocher et de nous réunir.