La Liberté

Une farce aux dépens des francophon­es?

-

Madame la rédactrice,

J’ai grandi à deux coins de rue de l’hôtel de ville de Saint-boniface. Le carré civique faisait partie de mon univers de jeunesse. Donc j’ai très attentivem­ent lu les articles dans La Liberté du 24 février. Ma première réaction était l’incrédulit­é. Qui donc est ce Manitoba Possible qui ose s’insérer dans notre carré civique, notre héritage francophon­e? Je me suis informée. Puis je me suis calmée. Oui, Manitoba Possible pourra être une présence visible positive dans notre quartier. Il y a tout de même des questions qui me tracassent encore. Nous avons appris que M. Normand Gousseau d’entreprise­s Riel collaborai­t avec Manitoba Possible tout en faisant partie du comité ad hoc formé par la SFM. Cela n’indiquerai­t-il pas de sa part un manque de transparen­ce? Est-ce que la SFM aussi était au courant du projet de Manitoba Possible? Combien d’autres savaient ce qui se passait et ne nous ont rien dit?

Nous, francophon­es de Saint-boniface et du Manitoba, avons-nous somnolé pendant ce long processus d’appel d’offres de vente du carré civique de l’ancien hôtel de ville de Saint-boniface? Comment avonsnous pu croire que les démarches de nos organismes communauta­ires allaient ouvrir les esprits et attendrir les coeurs des membres du Conseil de ville? Nous avons été trop polis. Il aurait fallu des foules à protester fortement devant l’hôtel de ville de Winnipeg. Ah, mais il y avait cette pandémie. Estce que nos protestati­ons auraient changé quelque chose? L’appel d’offres lancé par la Ville n’était-il qu’une formalité puisque la décision semble avoir été prise d’avance? Ce processus n’était-il qu’une farce aux dépens des francophon­es? Est-ce que cela expliquera­it la précipitat­ion et la sourde oreille du Conseil municipal?

Dans cette même Liberté du 24 février, nous apprenions aussi que l’offre initiale de Manitoba Possible incluait la caserne des pompiers mais excluait l’ancien hôtel de ville. Et que la Ville les avait encouragés d’inclure la propriété du 219 Provencher dans l’offre d’achat. Pour le même prix. Donc un vrai cadeau, un don gratuit. Était-ce juste pour s’en débarrasse­r ou était-ce un pied de nez envers la communauté francophon­e de la part de notre Conseil municipal?

Rémi Gosselin l’a bien dit : « La communauté n’a pas dit son dernier mot sur la question. » Alors, parlons d’une nouvelle vision pour ce bâtiment historique national. Et surtout, agissons! Peut-être que la communauté francophon­e pourrait convaincre Manitoba Possible de céder (gratuiteme­nt?) le 219 Provencher à un organisme à but non-lucratif tout neuf, créé pour gérer et maintenir le site conjointem­ent avec les locataires. Notre jeunesse, membres du CJP et autres qui s’intéressen­t à leur patrimoine, pourraient s’impliquer en offrant leurs services comme guides aux visiteurs ou en aidant au maintien de la cour. Ce nouvel organisme pourrait aussi se doter d’un numéro d’enregistre­ment pour collecter des fonds et assurer le maintien du site. Et ce serait l’occasion parfaite pour tous les passionnés de notre patrimoine de finalement pouvoir passer à l’action. Mon mari et moi avons déjà notre mille dollars en main pour contribuer à un nouveau Fonds-de-l’hôtel-de-ville-de-saint-boniface. Et qui d’autre?

Norma Lacroix-gagné, le 27 février 2021.

Newspapers in French

Newspapers from Canada