La Liberté

Bruce Waldie témoigne de sa chance

La pandémie engorge le système de santé. Les opérations jugées non urgentes accusent des retards. Ce qui peut être très stressant pour les patients qui attendent une interventi­on. C'était le cas du directeur de la chorale des Intrépides.

- LAËTITIA KERMARREC lkermarrec@la-liberte.mb.ca

« Mais, tout à coup, alors que j’étais sur le brancard qui me roulait jusqu’à la salle d’opération, on m’a expliqué que mon opération devait être annulée. » - Bruce WALDIE

Bruce Waldie souffre d’une forme agressive de cancer à la vessie depuis quatre ans.

Il précise aussi qu’un autre problème de santé, celui-là lié à la respiratio­n, l’oblige à aboutir aux soins intensifs après chaque opération.

« Mon premier cancer, apparu en 2013, avait été bien traité. Mais la maladie est revenue quatre ans plus tard au niveau de la vessie. Et cette fois sous une forme très agressive.

« Pour ce cancer, j’ai été opéré plusieurs fois à l’hôpital Saint-boniface. Une première fois au début de l’année 2018, puis à nouveau en 2019. Faute de succès avec ces premières opérations, je devais être réopéré en octobre 2020. »

À ce moment-là, le Manitoba subissait de plein fouet la deuxième vague de la pandémie. « J’ai été hospitalis­é quand le nombre de cas de COVID-19 augmentait dans la province. Et ça se ressentait sur le système de santé. Pendant mes trois jours à l’hôpital, on m’a fait changer d’étage trois fois, avant et après l’opération, par précaution contre tout risque d’infection à la COVID-19. » Malheureus­ement, l’opération n’a pas eu l’effet escompté, imposant la nécessité d’un traitement chimiothér­apique durant tout l’hiver. « Il était ensuite prévu que je me fasse opérer à nouveau de la vessie en mars 2021. Je me suis rendu début mars à l’hôpital Saint-boniface. Le nécessaire a été fait pour me préparer à l’interventi­on chirurgica­le.

« Mais, tout à coup, alors que j’étais sur le brancard qui me roulait jusqu’à la salle d’opération, on m’a expliqué que mon opération devait être annulée.

« Mon chirurgien, les anesthésis­tes et tout le personnel de santé à mes côtés m’ont précisé que je devais être éloigné à cause de l’arrivée de deux urgences extrêmes.

Ils n’avaient pas le droit de divulguer plus d’informatio­ns. Mais je me doute bien que c’était à cause de la COVID-19. »

Il lui faudra alors attendre plusieurs semaines avant de pouvoir retourner au bloc opératoire.

« Je me suis mis à jeûner tous les matins avant midi, au cas où on m’appellerai­t pour la chirurgie. Finalement, j’ai pu me faire réopérer à la fin mars.

« Je me suis bien adapté à tous les changement­s. Bien sûr, je comprends très bien que ces procédures sont nécessaire­s. C’est très bien fait et sécuritair­e. Et il faut penser à l’échelle de la société et non de l’individu.

« Cependant, je dois bien avouer que j’étais stressé. C’est difficile quand on sait que l’on a un problème sérieux que l’on ne peut pas traiter comme il faut. C’était plus angoissant pour moi d’apprendre que mon opération était annulée que de subir l’interventi­on ellemême. »

Toutefois, Bruce Waldie souligne bien que les équipes médicales se sont montrées très profession­nelles et très sécuritair­es dans ces circonstan­ces qu’impose la pandémie :

« Je me suis senti vraiment bien soutenu. On venait souvent vérifier si j’allais bien, et les infirmière­s se souvenaien­t toujours de mon nom. Ce n’est pas amusant de subir de telles interventi­ons, mais je sentais qu’on se préoccupai­t bien de moi. On m’a donné des soins de première classe! Je ne pouvais pas demander mieux. »

Il se considère aussi bien chanceux d’avoir finalement pu être opéré.

« J’ai tout de même de la chance. Je pense à toutes ces personnes qui ne peuvent pas du tout se faire opérer en ce moment. »

Chanteur pour ainsi dire depuis toujours, le directeur de la chorale des Intrépides se penche naturellem­ent vers la musique pour l’aider à traverser des épreuves. (1)

« J’écoute beaucoup de musique et je joue un peu de guitare, autant que mon énergie me le permet. Avec ma femme, Christelle Waldie, on planifie aussi beaucoup de choses, notamment pour notre jardin. »

(1) Voir Le Phénix choral saura transcende­r le virus de la série Le Cri du Choeur dans La Liberté du 26 août au 1er septembre 2020.

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Photo : Marta Guerrero La date de l’opération de Bruce Waldie, le directeur de la chorale des Intrépides, a été chamboulée pour cause de pandémie.
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