La Liberté

PAROLES À DES JUMEAUX VRAIMENT PAS COMME LES AUTRES

- Ophélie DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca

Dans une famille où il y a déjà beaucoup de jumeaux, Gisèle Bazin était convaincue dès la naissance de ses garçons qu’ils étaient jumeaux identiques.

Loïc (au milieu) et Patrick en ont longtemps douté, rien qu’à cause de leur taille. Pourtant la science a déterminé à 99,999 999 92 % qu’ils étaient bien jumeaux identiques.

« Oh, vous vous ressemblez tellement! » As-tu déjà fait semblant d’être ta jumelle? Ça vous arrive de lire dans les pensées de l’autre? » La gémellité attise forcément les curiosités. Cette série se conclut sur une rencontre avec Loïc, Patrick Bazin et leurs parents.

Si pour certaines familles avoir des jumeaux s’est avéré une surprise, ce n’était pas le cas pour Gisèle Bazin, qui avait anticipé cette possibilit­é.

« Dans notre famille, il y a beaucoup de jumeaux, des identiques et des fraternels. On m’a dit que c’était purement une question de hasard si les jumeaux étaient identiques ou fraternels. »

À l’annonce de sa grossesse, Gisèle Bazin était réellement très heureuse. « J’avais déjà deux garçons, Christian et Stefane. Je voulais une petite fille, et finalement j’ai eu deux garçons de plus! Bon, aujourd’hui, j’ai des belles-filles, et une petite-fille.

« Par contre, j’ai appris que j’attendais des jumeaux à 29 semaines de grossesse. Alors il a fallu s’organiser en peu de temps. On a dû racheter une nouvelle voiture, un autre lit. »

Grandir avec un jumeau, c’est toujours avoir avec soi quelqu’un pour tout partager. Une idée reçue. En tout cas pour Loïc Bazin et Patrick Bazin, 28 ans, qui ne partagent pas vraiment ce sentiment du double en un.

Loïc : « Encore aujourd’hui, les gens s’attendent à ce que je sache tout de mon frère, ce qu’il a fait de sa journée, comment il va. C’est vrai que de la maternelle à la 12e année, on a presque toujours été dans la même classe. Alors les enseignant­s nous mettaient toujours ensemble comme partenaire­s. »

Sur ce point, Gisèle Bazin juge bon d’intervenir.

« Ils ont certes été ensemble une grande partie de leur scolarité. Ils ont été scolarisés au Centre scolaire LéoRémilla­rd en 2007, au moment où le secondaire ouvrait ses portes.

« Comme maman de quatre garçons, c’était plus simple pour moi qu’ils soient dans la même classe : ils avaient les mêmes devoirs, les mêmes enseignant­s et les mêmes horaires. »

Malgré le temps passé ensemble et leur ressemblan­ce, Loïc et Patrick Bazin soulignent volontiers leurs différence­s. Patrick : « On fait nos propres choses, nos intérêts varient. Quand l’un pouvait sortir sans l’autre, on le faisait. Nos métiers sont très différents, Loïc est instructeu­r de premiers soins et moi je suis ébéniste.

« On a chacun notre groupe social et on ne se mélange pas réellement. On s’est toujours défini comme individu, pas comme jumeaux. »

Non seulement leurs intérêts divergent, mais leur physique consolide leur penchant à la singularit­é.

Éclairage de Gisèle Bazin : « À la naissance, Patrick pesait six lb 4,5 oz et Loïc pesait trois lb 2,5 oz. Le médecin a simplement expliqué qu’il était possible que l’un ait pris plus de nutrition que l’autre. Aujourd’hui, Patrick mesure six pieds quatre pouces et Loïc, cinq pieds dix pouces. Patrick a les cheveux courts, Loïc porte les cheveux longs. »

Intime conviction

Toutes leurs différence­s, autant physiques que d’intérêts, ont toujours fait que Loïc et Patrick se pensaient jumeaux fraternels. Pour Noël 2020, ils ont décidé de prouver à leur mère qu’ils n’étaient pas jumeaux identiques, contrairem­ent à ce que leur répétait l’intuition maternelle.

Loïc : « On voulait prouver à notre mère qu’on avait raison et passer à autre chose. Et là, surprise, le test revient et montre qu’on est identique à 99,999 999 92 %! Patrick pense encore que le test est faussé. »

Déni de l’un, confirmati­on bienvenue pour leur mère, qui n’a jamais pu douter de son intime conviction. « Quand ils étaient enfants, malgré leur différence de taille, c’était comme un miroir. Leur forme de nez, de jambes : tout était identique. Je me rappelle d’une collègue au Centre scolaire Léo-rémillard qui avait juste vu leur photo d’école et qui me demandait : Mais qui est qui?

« Chez moi, j’ai leur photo de graduation. On m’a déjà demandé : Mais pourquoi tu as deux photos de Patrick et pas de Loïc? Non, vraiment, c’était impossible qu’ils ne soient pas jumeaux identiques. »

Cette évidence n’était pas franchemen­t partagée par le père, Michel Bazin.

« Je n’ai jamais pensé qu’ils étaient identiques. À la naissance, on avait posé la question. On nous avait répondu que les médecins n’étaient pas capables de le confirmer.

« Dans ma tête, j’ai toujours pensé qu’ils étaient jumeaux fraternels. Au point où quand ils m’ont montré le résultat du test, j’ai été réellement surpris! »

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Photo Marta Guerrero
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photo : Marta Guerrero De gauche à droite, Gisèle, Loïc et Patrick Bazin.

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