La Liberté

Le recensemen­t fera mieux vivre l’article 23 de la Charte

- Michel LAGACÉ → mlagace@la-liberte.mb.ca

Le 11 mai, les Canadienne­s et les Canadiens sont appelés à renouer avec une tradition qui remonte au moins aux Babylonien­s 4 000 ans avant notre ère. Ce sera le jour du recensemen­t et, à compter du 3 mai, ils pourront remplir le questionna­ire en ligne. Le premier recensemen­t sur le territoire qui allait devenir le Canada remonte à 1666 lorsque Jean Talon, l’intendant de la Nouvelle-france et chargé par Louis XIV de développer une économie autosuffis­ante, a entrepris de dénombrer 3 215 personnes dans la Ville de Québec.

Deux siècles plus tard, la Loi constituti­onnelle de 1867 a prévu qu'un recensemen­t national soit effectué tous les dix ans, dont le premier a eu lieu en 1871.

Aujourd’hui, 150 ans plus tard, les administra­tions fédérales, provincial­es et municipale­s se servent des données du recensemen­t plus que jamais pour planifier leurs activités et leurs programmes. Les organismes communauta­ires et agricoles, de même que les entreprise­s et les particulie­rs, s’en servent aussi pour concevoir et organiser une très grande variété d’activités.

Cette année, le recensemen­t contient de nouvelles questions d’intérêt particulie­r pour les minorités linguistiq­ues au Canada. Trente-neuf ans après l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés, Statistiqu­e Canada va enfin évaluer le nombre d’ayants droit au pays. L’article 23 de la

Charte donne aux parents à l’extérieur du Québec le droit de faire instruire leurs enfants en français, aux niveaux primaire et secondaire :

1 - si leur première langue apprise et encore comprise est le français; ou 2 - s’ils ont reçu leur instructio­n au niveau primaire en français au Canada; ou

3 - si un de leurs enfants a reçu son instructio­n, au primaire ou au secondaire, en français.

Cependant, les droits garantis dans la Charte peuvent être exercés seulement lorsque le nombre d’enfants le justifie. Et voilà où le bât blesse, puisque le nombre d’enfants éligibles à recevoir l’instructio­n en français demeure inconnu. Jusqu’à présent, les recensemen­ts ont dénombré seulement les répondants dont la langue maternelle est le français, tandis que le nombre de parents dans les deux autres catégories n’a jamais été déterminé.

Pour la première fois cette année, le formulaire abrégé du recensemen­t, celui qui doit être rempli par tous les Canadiens, permettra d’évaluer le nombre d’élèves qui auraient droit à l’éducation en français à l’extérieur du Québec. Cette informatio­n est d’importance capitale pour les collectivi­tés francophon­es et pour les administra­tions scolaires et gouverneme­ntales. Les résultats de ce recensemen­t permettron­t aux divisions scolaires de fixer des objectifs à long terme. Elles connaîtron­t le lieu de résidence et le nombre d’élèves qui pourraient fréquenter leurs établissem­ents, et pourront mieux cibler leurs tentatives d’augmenter leurs inscriptio­ns. Alors, le 11 mai, ce ne sera pas Jean Talon qui frappera à nos portes, mais bel et bien ses successeur­s qui aideront les administra­tions scolaires à donner la pleine mesure de l’article 23.

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