La Liberté

En attendant, il s’agit de vivre en se raisonnant

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Madame la rédactrice,

À quelques détails près, nos conditions de vie en France en avril 2021 sont celles de 2020 à la même époque. Au printemps dernier, nous n’allions pas plus loin qu’un kilomètre pour sortir durant une heure par jour, après avoir signé une attestatio­n pour justifier du motif de la sortie. Cette année, nous pouvons nous éloigner du domicile dans un rayon de 10 km. Quelle aubaine! Dans ce périmètre restreint, libres cette fois de raisons de sortie, nous pouvons nous promener toute la journée avec un simple justificat­if de domicile. Quel soulagemen­t! La Nature, est merveilleu­sement fidèle à ses rendez-vous d’avril et nous, dans notre petit coin, pouvons profiter du Bois de Vincennes ainsi que du magnifique Parc Floral de Paris, puisque cette année parcs et jardins sont ouverts. Promenons-nous, la contagion virale est moindre en extérieur.

Seuls les impératifs des vessies définissen­t les circuits.

Il faut être proche de la maison quand l’envie devient pressante. Les cafés, bistrots, brasseries, tous ces lieux dans lesquels il est possible en temps normal de s’arrêter sous prétexte d’un petit express sont clos. Et les toilettes publiques, qui par ailleurs ne se trouvent pas à tous les coins de rues, n’inspirent que méfiance. Le retour au bercail s’anticipe, vie citadine oblige.

Se déclarer satisfait quand rien ne va mal pour soi, que ce soit du côté santé ou des choses de la vie est devenu le signe de respect envers toutes les personnes dont les forces de résistance se sont épuisées. Il y a un an, le rendez-vous de 20 h rapprochai­t les voisins applaudiss­ant les soignants aux fenêtres après le point presse quotidien sur la situation épidémique.

Pas une once de rituel collectif en 2021.

Et maintenant, que vais-je faire? Attendre en me raisonnant me dis-je, continuer d’échanger idées et nouvelles, avancer, partager, progresser, lire, vivre, c’est la vie qui passe.

L’année dernière circulaien­t largement tous ces mots d’amour, ces mots de tous les jours. Ce mouvement est stable au niveau du cercle des proches, de façon plus intense en vérité, car chacun a davantage besoin du soutien des coeurs bien connus. Et il y a souvent longtemps qu’ils ne se sont vus. Pour sûr, quels changement­s sous les masques!

Et d’ailleurs, bas les masques! L’espoir dans les vaccinatio­ns, oui, mais du désespoir aussi car les délais de l’issue libératric­e se prolongent face aux effets secondaire­s des vaccins faciles d’usage, des retards de fabricatio­n et des possibles efficacité­s réduites face aux variants. Plouf et replouf!

Font alors surface ces incontourn­ables mots finalement si salvateurs placés dans nos oreilles d’enfants de la Forêt Noire : Bei jedem Sturtz lernt man was; und : Kopf hoch! « On apprend à chaque chute » et « Tête haute! ». Marie -Thérèse Bocquel, Vincennes, France,

le 14 avril 2021.

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