Vaccination : les réticences et les nécessités
Quand frappe une pandémie, il est difficile d'imaginer un plan à l’échelle planétaire pour l’éradiquer. Surtout quand montent les réticences pour se faire vacciner.
Pour le docteur en épidémiologie et santé publique à l’institut Pasteur, basé en Guyane, Claude Flamand, « c’est difficile d’avoir des certitudes pour des choses auxquelles on n’a pas encore été confronté. Ce qu’on sait en tous cas, c’est que tant que le virus est en circulation, on a plus de chances de voir apparaître de nouveaux variants. (1)
« C’est d’ailleurs ce qui fait vraiment peur aux gouvernements : Les nouveaux variants vont-ils être plus virulents? Vont-ils être capables d’échapper à l’immunité?
C’est pour ça que les autorités sanitaires essayent d’encourager à la vaccination. Mais on ne peut pas contrôler l’adhésion des gens.
« Et comme on n’a pas beaucoup de recul sur les vaccins, la population se méfie beaucoup. Les gens entendent parler des effets secondaires, qui sont plus visibles que pour d’autres traitements, tout simplement parce que beaucoup de personnes se font vacciner en même temps. Et même si ces effets secondaires sont comparables à ceux liés à d’autres médicaments, ça fait peur aux gens. »
Réticences
« Les médias aussi participent à cette montée d’hésitation vaccinale en mettant en avant les rares cas d’effets secondaires graves. L’hésitation prend de l’ampleur dans le monde. L’organisation mondiale de la santé a même établi un Top 10 des pays où les réticences sont les plus fortes. En Guyane par exemple, fin mars, seulement 45 % des gens se disaient prêts à se faire vacciner. C’est moins d’une personne sur deux. Il faut dire toutefois que la population guyanaise est assez jeune.
« D’autres types d’informations aussi entretiennent la retenue. Par exemple, en Guyane, un laboratoire dit avoir trouvé une plante qui inhiberait la réplication du SARS-COV-2. Comme la plante est déjà commercialisée là-bas, elle est en rupture de stock. Les gens préfèrent avoir recours aux plantes qu’aux vaccins. »
Claude Flamand ne croit donc pas vraiment en l’éradication de la COVID-19. « Je serais surpris que l’on puisse se débarrasser totalement de la maladie. L’idée est surtout de diminuer le nombre de cas graves de COVID-19 et la saturation des services de soins intensifs. Parce que lorsque les hôpitaux sont débordés, ça devient un problème pour tout le monde.
« Le plan de vacciner toutes les personnes les plus à risque, c’est-à-dire les personnes les plus âgées et celles qui présentent des comorbidités, n’est pas aberrant compte tenu du nombre de personnes dans le monde. En plus de celles qui sont les plus exposées à la contamination, comme le personnel de santé.
« Je pense qu’on ne sortira pas de cette pandémie avec un seul outil pour retrouver une vie correcte. Il en faut plusieurs. Comme la poursuite des gestes barrières, la distanciation ou la responsabilisation des individus. »
(1) Voir L’éradication de la COVID-19 est utopique dans cette même édition.