La Liberté

Bilingue de naissance et polyglotte de conviction

- Ophélie DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca

Apprendre une nouvelle langue à 26 ans, c’est le pari qu’a pris Andrii Matveiev. Le Winnipégoi­s d’origine ukrainienn­e, conscient de la dualité linguistiq­ue au Canada, a commencé à apprendre le français peu après son arrivée.

N atif de Kharkiv, une ville située dans l’ukraine de l’ouest, Andrii Matveiev a grandi dans un milieu bilingue.

« Avec la proximité de la Russie, très rapidement on apprend à parler le russe en plus de l’ukrainien. Il y a beaucoup de similitude­s entre les deux langues, ce qui permet un bon apprentiss­age.

« Je pense que le fait de grandir en absorbant deux langues m’a donné quelques facilités pour l’anglais et le français. Il fallait quand même réapprendr­e un alphabet, ce qui n’était pas forcément évident au départ de mon apprentiss­age. »

| Ville semblable

À Kharkiv, dans l’entourage d’andrii Matveiev, personne ne parlait ni l’anglais, ni le français. « Je me suis dit qu’il serait important pour moi d’apprendre l’anglais, parce que j’avais envie de voyager dans le monde. Alors j’ai décidé de prendre des cours particulie­rs.

« En 2012, je suis arrivé au Canada, à Calgary, où j’ai passé environ deux ans et demi. Puis j’ai déménagé à Winnipeg pour un emploi.

« Mes premières impression­s sur Winnipeg étaient que la ville ressemblai­t beaucoup à ma ville natale : certains édifices dans certains quartiers, ou encore la diversité des cultures. Très rapidement, je me suis aperçu qu’il y avait des francophon­es et des quartiers où le français était assez présent.

« Je me suis dit que c’était l’occasion d’apprendre une nouvelle langue. J’ai toujours aimé apprendre d’autres langues. Je me suis inscrit à des cours dispensés à l’université de Saint-boniface.

« Je ne me sens pas encore assez en confiance pour utiliser mon français tous les jours. Par exemple, je demande les services en anglais à la Ville de Winnipeg ou au gouverneme­nt provincial. Je m’exprime en anglais 99 % du temps. »

Malgré son français timide, Andrii Matveiev ne se décourage pas.

« Dès que je rencontre des francophon­es, j’essaye d’échanger avec eux en français. Parfois dans mon travail, le français est un atout. Je suis ingénieur dans la constructi­on.

« Lors d’un précédent projet, il y avait des personnes du Nouveau-brunswick et du Québec. J’étais content de pouvoir parler en français avec eux.

« Souvent, quand j’indique à des employeurs potentiels que je prends des cours de français et que j’ai des notions de français, ils apprécient ma démarche et trouvent que ça fait une différence face à des unilingues. »

| Dans l’effort

En plus des occasions fournies par le travail, dans la vie de tous les jours Andrii Matveiev s’applique à pratiquer son français.

« Je regarde des séries ou des films sur Netflix avec les sous-titres en français. J’ai des amis originaire­s de la République démocratiq­ue du Congo. Ils m’aident aussi à pratiquer mon français. Je remercie leur patience.

« Et puis, quand c’était possible, je me rendais au Québec, et plus particuliè­rement à Montréal, pour des vacances. J’essayais de commander en français dans les cafés et restaurant­s. Mais lorsque certains entendaien­t mon accent, ils préfèraien­t me parler en anglais.

« Au Manitoba, en temps normal, beaucoup d’évènements sont proposés en français, comme ceux du Centre culturel francomani­tobain ou du Festival du Voyageur. Comme ça, j’ai d’autres occasions de pratiquer mon français. Même s’il n’est pas parfait, j’essaye de faire un effort.

« Je n’hésite pas à me rappeler qu’au Canada, il y a deux langues officielle­s : le français et l’anglais. C’est important pour moi de pouvoir respecter cette dualité linguistiq­ue. »

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Photo : Gracieuset­é Andrii Matveiev Andrii Matveiev parle l’ukrainien, le russe, l’anglais et le français.

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