La Liberté

Solidarité et expérience : les clés des éditeurs

- Laëtitia KERMARREC lkermarrec@la-liberte.mb.ca

Le Regroupeme­nt des éditeurs franco-canadiens (REFC) est depuis bientôt un an présidé par la directrice générale des Éditions du Blé, Emmanuelle Rigaud. L’occasion de développer une vue pancanadie­nne sur le monde de l’édition francophon­e.

Le Regroupeme­nt des éditeurs franco-canadiens (REFC) a été fondé en 1989 dans le but de permettre aux éditeurs francophon­es hors Québec d’agir de manière concertée dans le domaine de la commercial­isation, de la promotion, de la représenta­tion et de la formation. L’organisme compte maintenant 16 membres, présents dans l’ouest, l’atlantique et l’ontario. (1)

Emmanuelle Rigaud explique que « les membres du REFC, qui sont tous membres d’une maison d’édition, se présentent généraleme­nt à tour de rôle tous les deux ans, dans le but de se partager la responsabi­lité de la présidence.

« À l’assemblée générale de juin 2020, la présidente sortante, la directrice des éditions Bouton d’or d’acadie Marie Cadieux, a approché plusieurs membres pour s’assurer que le poste soit comblé. Et lorsqu’elle est venue me voir, je me suis dit : Allez,

pourquoi pas! »

Une décision que la directrice générale des Éditions du Blé n’a pas regrettée.

« Ce nouveau rôle m’apporte beaucoup. D’abord, je suis heureuse que la présidence vienne de l’ouest canadien. Ensuite, ça me permet d’avoir une vue d’ensemble du monde de l’édition à l’échelle du pays et de comprendre les défis propres à chaque région. Ça oblige aussi à être actif et à prendre des décisions pour assurer la visibilité de nos éditeurs. »

Toutefois, cette décision n’a pas été prise à la légère. « Ça fait six ans que je travaille pour les Éditions du Blé. Je me disais que, peut-être, je ne connaissai­s pas assez le milieu. Surtout qu’à l’origine, je ne viens pas du monde du livre. Donc j’avais un peu d’appréhensi­on. » (voir l’encadré Des effets spéciaux au monde du livre)

Son appréhensi­on à assumer la présidence du REFC s’est cependant rapidement dissipée. « Déjà, il faut savoir qu’au quotidien, c’est vraiment la direction du REFC qui assure son bon fonctionne­ment. La présidence vérifie ensuite que tout se passe bien.

| Des différence­s de tailles

« Ensuite, on n’est pas tout seul quand on est président au REFC. C’est vraiment ça, la beauté de son Bureau de direction : on est très soutenu par les membres et nous organisons des rencontres régulièrem­ent pour partager nos connaissan­ces. Donc se lancer était plus une question de décision personnell­e que de compétence. »

C’est d’ailleurs ce partage d’expérience entre les membres qui, assure-t-elle, garantit la survie des maisons d’édition liées au Regroupeme­nt. « Le financemen­t, c’est important bien sûr. Mais l’échange des savoirs et le travail d’équipe l’est plus encore. (2)

« Par exemple, avant mon entrée au REFC, les livres numériques ont fait leur apparition. Il faut se voir que ce nouveau format a demandé à acquérir tout un tas de nouvelles compétence­s techniques. Or beaucoup d’entre nous appartenon­s à des petites équipes.

« Les éditeurs se sont donc organisés pour que quelques membres se penchent sur la question et partagent ensuite les informatio­ns à travers la plateforme du REFC, afin que tout le monde acquière ces nouvelles connaissan­ces. Et les responsabi­lités tournent.

« Quant aux défis, je dirais qu’il faut réussir à s’adapter aux réalités de chaque maison d’édition. Je pense aux différence­s de taille d’équipe et de propositio­ns littéraire­s propres à chaque maison. Je pense aussi au contexte politique : le financemen­t des arts varie suivant les provinces.

« Au Manitoba plus précisémen­t, les défis ont pas mal changé depuis quelques années. Il y a environ cinq ans, les inquiétude­s portaient sur le manque apparent de relève dans le monde de l’édition. Mais il y a eu un nouveau souffle. Donc ce n’est plus un problème. Aujourd’hui, le défi majeur, en tous cas pour les Blés, c’est celui des ressources financière­s. Car nous aimerions avoir un employé supplément­aire. »

Emmanuelle Rigaud souligne par ailleurs qu’elle a bien hâte de reprendre les réunions en personne, la pandémie n’ayant pas permis de rencontres en présentiel depuis le début de sa présidence.

(1) Les membres du REFC sont répartis entre le Nouveau-brunswick (4), l’ontario (8), le Manitoba (3) et la Saskatchew­an (1). Les éditeurs publient en majorité de la littératur­e générale. À l’exception de deux éditeurs scolaires, la plupart des éditeurs du REFC possèdent des structures de petite taille. Leur chiffre annuel de ventes varie entre 10 000 $ et 150 000 $.

(2) Sans donner le détail des subvention­s du REFC, Emmanuelle Rigaud précise qu’elles proviennen­t des différents paliers de gouverneme­nts (fédéral, provincial et municipal) : Patrimoine canadien, Conseil des arts du Canada et de l’ontario, Ville d’ottawa. Le REFC ne finance pas les maisons d’édition, mais offre des aides pour la commercial­isation. Une publicité dans La Liberté, par exemple, sera financée à 50 % par la maison d’édition et à 50 % par le REFC.

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Photo : Marta Guerrero Emmanuelle Rigaud.

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